Nudges : ces techniques de manipulation utilisées par l’Etat français
Cette théorie est présentée pudiquement comme un « coup de pouce », ou une « incitation douce » devant conduire à l’adoption de comportements jugés bénéfiques pour soi et pour la société.
Appelée également paternalisme libertarien, cette stratégie qui est destinée à influencer les comportements (mais pas seulement, car il s’agit également d’entraîner une adhésion idéologique) des consommateurs, utilise tous types de supports de communication implicite, pour inciter à tel ou tel changement de comportement.
La subtilité des techniques de nudge tient dans leur caractère incitatif donc non injonctif, et apparemment non contraignant. En réalité, leur perversité tient dans la façon dont elles se présentent à l’esprit du consommateur ou du citoyen, comme une échelle de choix à poser, graduelle, dans laquelle on incite, en présence de choix multiples, à accomplir le « meilleur choix » à partir de signaux péjoratifs visant à dissuader les choix jugés non pertinents. Ce peut être une case cochée par défaut, une fausse mouche peinte sur un urinoir pour inciter les clients à « viser juste », des pas dessinés au sol conduisant à une poubelle, etc
En réalité, il s’agit ni plus ni moins que de stratégies de manipulation du comportement.
Emmanuel Macron, comme d’autres dirigeants, recourt à ces techniques des nudges pour inciter les français à porter certains types de masques ou se faire vacciner par exemple. Ainsi, pour inciter les français à délaisser les masques chirurgicaux au profit des soignants qui en manquent, il baptise les autres masques « grand public » : c’est un nudge. Pour inciter les français à se faire vacciner, il sursature l’espace médiatique du décompte quotidien des contaminations, des réanimations ou des décès de façon à susciter le réflexe de peur qui les tournera vers la solution qu’il leur propose : la vaccination.
Dans quelques jours, Emmanuel Macron s’adressera aux français lorsque le nombre des 100 000 morts sera franchi. Un choix politique ? Certainement ! L’occasion est trop belle de surfer sur la peur pour guider les français vers les « vaccinodromes », centres de regroupement vaccinal au nom aussi improbable qu’historiquement mal venu, qui se répandent un peu partout. Ainsi, avec la peur, s’installe dans l’opinion l’idée que « se faire vacciner serait un acte de survie et d’intérêt général », tout comme le fait de « sortir avec un masque y compris dans la rue ou sur la plage », seraient des actes responsables. Notez bien le conditionnel.
Curieusement, personne ne semble réagir, quand à la stratégie de la peur exacerbée, s’ajoute l’incohérence de mesures côtoyant l’absurde.
Ainsi à Nice, tandis que la promenade des Anglais et les plages ont été fermées durant toute la période du premier confinement, suggérant que les espaces aérés seraient des lieux de contamination majeurs même avec des masques, cette stratégie a entraîné au contraire un accroissement des risques de contamination dû à la promiscuité et aux regroupements dans les lieux clos. Au dernier confinement, le Maire a finalement annoncé que le virus circulait beaucoup plus dans les espaces confinés qu’à l’extérieur et que désormais les niçois devaient pouvoir sortir de chez eux pour « prendre l’air ».
Fallait-il un conseil municipal ou un conseil stratégique de défense pour décider d’une telle évidence ?
Malgré l’accumulation des décisions absurdes, l’Etat parvient quand même à atteindre en partie le but qu’il s’est fixé et susciter des français le comportement qu’il attend d’eux, avec le renfort actif d’Instituts de sondages comme BVA, leader du nudge. 3 720 000 personnes se seraient déjà fait vacciner.
Cependant l’examen des risques, l’absence de recul sur l’efficacité et la durée d’immunité des vaccins, la façon dont ils sont administrés sans aucune consultation préliminaire, laisse sceptique sur ses intentions et son bénéfice réel pour la population, sinon peut-être générer une sécurité illusoire : ainsi, les personnes vaccinées n’auraient pas plus le droit d’être déconfinées que les autres. Récemment, un retraité de 83 ans vacciné a été débouté par le Conseil d’Etat suite à sa demande de déconfinement. Il lui aurait été rétorqué que les personnes vaccinées peuvent continuer à être porteuses du virus et donc contribuer à sa diffusion.
On peut alors se demander : « tout ça pour ça » ?
Ce que nous devons craindre est que la théorie des nudges soit jugée finalement trop peu efficace, et conduise l’Etat à choisir comme option celle de la contrainte, qui serait alors clairement liberticide.
Sabine Faivre, Psychologue et Auteur de « la vérité sur l’avortement aujourd’hui », Ed Téqui, 2006.