Stanisław Wojciechowski, l'homme qui refusa d'être Pétain
Stanisław Wojciechowski a vu le jour le 15 Mars 1869 à Kalisz. Il est le fils de Feliks et Florentyna Wojciechowski, couple issu de la szlachta (noblesse polonaise). Dans sa famille, tous les hommes étaient des indépendantistes polonais et avaient pris part aux diverses insurrections qui émaillèrent le XIXème siècle polonais.
Son enfance et son adolescence seront bercées par le patriotisme familial. À la fin ses études à l'université de Varsovie, il sera professeur de physique et de mathématiques.
Pendant ses études à Varsovie, il participe à des actions anti russe et en 1890, il adhère au parti PPS (Parti Socialiste Polonais) de Józef Piłsudski qui n'est pas encore Maréchal de Pologne.
En 1892, suite à deux condamnations pour activités anti russe, et afin de préserver la sécurité des membres de son groupe, il décide de partir de Pologne. Il se rend en France, en Suisse et en Grande-Bretagne où lui est confiée, par le PPS, la mission de motiver les communautés polonaises et de leur donner foi en une imminente indépendance pour la Pologne. Il participe à la rédaction du journal du parti "Robotnik" (L' ouvrier) depuis l'étranger.
En 1899, il épouse Maria Kiersnowska, noble comme lui, et en 1905 il se retire du PPS.
Amnistié par les russes de ses deux condamnations, il rentre au pays en 1906. Dès son retour, diverses organisations politiques l'approchent. Il militera aux côtés d' Edward Abramowski au Towarzystwie Kooperatystów (Société des Coopérativistes). Puis il sera rédacteur pour le journal coopératif "Społem" de 1906 à 1915.
Au déclenchement de la Première guerre mondiale, il tente en vain de former des troupes de mutins parmi les Polonais engagés avec les Russes.
Après la révolution de 1917, il dirigea le Conseil polonais de l'Union inter partis à Moscou.
En 1918, il rentre en Pologne, où, suite au retour de l'indépendance, il devient Ministre des affaires étrangères.
En 1922, il est élu Président de Pologne. Enfin, il est plutôt un "super Premier Ministre", aux ordres du Maréchal Józef Piłsudski, l'homme fort de la Pologne régnant de 1918 à 1935 sur le pays. En 1926, il est remplacé par Ignacy Mościcki, qui sera Président jusqu'en 1939.
Après la politique, Stanislaw Wojciechowski devient un temps diplomate, puis retourne à son premier métier : professeur de physique et de mathématiques à Varsovie.
Quand, en septembre 1939 la guerre éclate, les allemands et les russes envahissent la Pologne. Le Président Polonais Ignacy Mościcki est fait prisonnier et est déporté avec l'accord des roumains en Roumanie. Ignacy Mościcki, comme le prévoit la constitution de la IIème République de Pologne, donne ses pouvoirs de président à Władysław Raczkiewicz qui part avec le gouvernement polonais en exil en France pour continuer le combat.
Stanisław Wojciechowski est alors le dernier Président de Pologne présent sur le sol polonais. Le sachant les Allemands en juillet 1940, font arrêter son fils Edmund Wojciechowski par la Gestapo et le transfère le 15 août à Auschwitz. Les Nazis proposent alors à Stanisław Wojciechowski le poste de "Chef du Gouvernement Général de Pologne aux ordres du IIIème Reich" contre la libération de son fils. Le chantage précise également de déclarer illégal et inconstitutionnel le gouvernement polonais en exil à Londres. Ce que refusera totalement Stanisław Wojciechowski. Son fils Edmund mourra à Auschwitz en 1941.
Suite à l'insurrection de Varsovie en 1944, lui et son épouse seront déportés au camp de concentration de Pruszków.
Il quitte ce monde, le 9 avril 1953 à Gołąbki, dans le secret le plus total. En effet, les soviétiques au pouvoir craignant une révolte patriotique, censureront toute nécrologie.
Son enterrement se fit dans la plus stricte intimité et sous haute surveillance de l'UB (équivalent polonais du KGB), seule la famille et des amis du journal "Społem" furent autorisés à être présents aux obsèques.
Voici l'histoire d'un homme qui sacrifia la vie d'un fils pour l'honneur, la dignité et la respectabilité de sa patrie.
Un homme, qui sacrifia son fils pour ne pas jeter l'opprobre et le discrédit sur tout un peuple.
Le Président Stanisław Wojciechowski, l'homme qui refusa d'être un Pétain.
(J'attends l'homélie du Père Attali et du vicaire Finkielkraut.)
Florian Marek.