Lundi politique: "De Lille à la tentation.. "
Car, si les prérogatives régionales sont vampirisées par l'enjeu sécuritaire, le président sortant de la région, Xavier Bertrand, ne joue pas seulement sa réélection sur son bilan, voire se ses propositions pour les 6 années à venir mais surtout son rôle de "rempart au Rassemblement National" comme le répètent à toutes oreilles tendues ses colistiers.
À la tête de la réunification de la Picardie et du Nord Pas de Calais depuis 2015, l'axonais Xavier Bertrand joue bel et bien sa carrière politique, son destin national et surtout sa candidature à l'élection présidentielle.
En effet, en quittant les Républicains il y a quelques années, le saint quentinois a pris son indépendance en créant " la Manufacture", rassemblant tous ses soutiens en France. Cercle de réflexion et organe militant, la boite à idées Bertrandienne se prépare à lancer son poulain à la fonction suprême.
C'est un pari risqué mais mesuré pour cet ancien assureur, ministre de Sarkozy.
Risqué car la victoire de Sébastien Chenu (rn) aux régionales l'obligerait à devenir un simple spectateur d'une campagne à venir pour laquelle il nourrit beaucoup d'espoirs. Risqué car les hauts de France sont le terreau favori pour le RN. N'oublions pas que Marine Le Pen en est l'une des députés, même si ces détracteurs s'amusent à dire sur les marchés que l'on l'y voit peu.
Mesuré car les sondages successifs tentent à prouver son implantation et sa légitimité régionale. Et malgré les efforts de LREM à le fragiliser en envoyant pas moins de 5 ministres sur cette élection, le match semble d'ores et déjà plié.
Je me souviens de ce jeune conseiller général de l'Aisne en 1998. Attablés tous deux sur une terrasse d'un café de Laon (Aisne), Xavier Bertrand s'attachait déjà à rester simple, populaire, accessible. Méthode chiraquienne impeccable. Capable de passer du bistrot de quartier au club de bridge. Un caméléon empathique, physique jovial. Mais cela suffira t'il ?
Car les plus grands ennemis à sa candidature sont sans doute ses propres "amis" chez les LR et associés: Bruno Retailleau, Laurent WAUQUIER ou encore la "libre" Valérie PECRESSE qui de façon étrangement parallèle, dessine les contours d'une candidature aux sorties d'un scrutin régional en Île de France qui ne présage que peu de surprises.
Xavier Bertrand assume sa non appartenance à la "caste des énarques". Il dit lui même être revenu du parisianisme bon teint dans lequel il était tombé.
Il entend désormais transformer le scrutin régional en acte de légitimation pour incarner le leadership de la droite Républicaine.
Alors faute de pouvoir réellement organiser une primaire dans les temps et dans des modalités optimales comme en 2016, les LR, chaque jours passant, se résignent à laisser la place libre au soldat BERTRAND. L'absence de leader incontestable pour la droite républicaine est ainsi un tapis rouge qui se déroule devant lui pour la candidature suprême.
Il mise alors sur l'incarnation de l'homme de la droite sociale, gaulliste .Mais il reste à convaincre un électorat de plus en plus patriote qui saura lui rappeler que malgré son "non" à Maastricht en 1992, Xavier Bertrand aura été l'un des acteurs du traité de Lisbonne, d'une mondialisation exacerbée, de la suppression des postes de fonctionnaires de Police et à l'hôpital, d'une immigration non maîtrisée.
Pour étoffer son spectre politique et tenter de gommer son image pro européenne , il peut compter sur des amis comme Guillaume Peltier numero 2 des LR , qui donne de plus en plus de gages à la droite dure. Est ce un hasard ou une stratégie de poisson pilote ? À suivre...
Benjamin CAUCHY, conseiller en communication & chroniqueur. ( Cnews, GGRMC, SudRadio)