IVG: le Texas embarrasse Biden
L’échange est emblématique. Repris par les médias français, il met en scène une série de questions-réponses entre Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche, et un journaliste catholique, sur l’avortement, sujet particulièrement sensible actuellement. En effet, depuis plusieurs mois, se joue aux USA une bataille juridique sans précédent autour de la législation de l’avortement. Sollicitée pour se prononcer sur la constitutionnalité de la loi Texane interdisant l’avortement après 6 semaines de grossesse dans la nuit du 1er au 2 septembre, la Cour Suprême n’a pas bloqué la loi, évoquant des « questions de procédures complexes et nouvelles », ce qui a suscité l’indignation du camp progressiste.
Un journaliste d’un média catholique interroge la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, en des termes assez directs : « pour en revenir sur la loi du Texas, pourquoi le Président est favorable à l’avortement quand sa propre foi catholique considère l’avortement comme quelque chose de mal sur le plan moral « ? Celle-ci visiblement mal à l’aise, répond : « il considère que ça relève du droit de la femme, c’est son corps c’est son choix »
Lui rétorque : « Pour le Président, qui devrait s’occuper de l’enfant qui n’est pas encore né ? »
Elle revient sur son argument initial : « Il croit que c’est à une femme de prendre cette décision » , et d’attaquer de but en blanc cet odieux mâle ignorant et sexiste : « je sais que vous n’avez pas été confronté à ce type de choix, que vous n’avez jamais non plus été enceinte (sic ), mais pour les femmes dehors qui y sont confrontées, c’est quelque chose d’incroyablement difficile » : ce en quoi on ne sait si elle parle de la grossesse ou de l’avortement.
Aux USA, douze Etats conservateurs ont à tour de rôle, et dans un incroyable effet domino, voté des lois destinées à protéger la vie de l’enfant à naître, en limitant voire interdisant la pratique de l’avortement : ainsi comme 12 Etats avant lui, le Texas a voté fin août l’interdiction de l’avortement dès la perception des battements de cœur du fœtus, à partir de la 6e semaine de grossesse et non en fonction du « seuil de viabilité » précédemment appliqué, entre 22 et 24 semaines de grossesse.
Les législations des douze Etats précédents ont été invalidées par la Justice, tandis que celle du Texas ayant formulé sa loi différemment, n’a pas permis aux tribunaux de se prononcer contre.
Les féministes ont ressorti leur armada idéologique désormais bien connue : protéger la vie de l’enfant en gestation serait à leurs yeux une « catastrophe pour les femmes du Texas », selon Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants. Elle annonce le dépôt d’un projet de loi sur le sujet devant la chambre basse du Congrès après le 20 septembre, selon Le Monde, pour « protéger le droit des femmes à l’avortement ». Le camp progressiste dénonce également l’ingérence des motifs « religieux » dans les prises de position des juges de la Cour Suprême – il semblerait que seul l’athéisme soit autorisé dans cette assemblée, et que le fait de croire que la vie est sacrée soit une atteinte à la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
En France, ce débat susciterait une avalanche de réactions outrées de tous les bords politiques, et peut être même des poursuites pénales. On a vu récemment Elisabeth Moreno s’indigner du film « Unplanned », et annoncer qu’elle saisirait la Justice pour « délit d’entrave » et sanctionner une vision qualifiée d’ « abjecte ». Ainsi, même les anciennes féministes, les anciennes avorteuses repenties, passées dans le camp provie seraient des sorcières à brûler sur le bûcher de la nouvelle Inquisition.
Ca fait froid dans le dos.
Il est cependant heureux que les USA continuent à nous montrer la voie de la liberté d’expression et d’opinion. Et accessoirement, du sens des valeurs intangibles.
Sabine Faivre