La 1ère grande interview d'Eric Zemmour est pour la Pologne
Tout d’abord un rappel sur la situation dans les sondages selon lesquels Zemmour est en bonne position pour accéder au second tour. Puis une explication de l’essayiste sur la nature de son engagement: „Je ne suis pas un politique professionnel. Ce n’est pas mon métier, mais pour autant ma candidature ne serait pas une candidature de témoignage.”. Il témoigne ensuite de l’enthousiasme qu’il ressent dans la société française: „les Français sentent que je suis sincère, que mes paroles ne sont pas destinées à grappiller des voix.”.
On aborde ensuite les relations entre les différentes composantes de la droite française. Zemmour reconnaît à Marine le Pen „du courage et de la combativité”, mais est très sévère sur ses chances de victoire: „elle n’y arrivera pas. Son entourage le sait, elle-même le sait, et surtout Emmanuel Macron le sait. Surtout depuis le débat de 2017, Durant lequel ses électeurs ont été humiliés.”. Le journaliste est tout autant critique à l’égard de LR: „il y a certes des personnalités valeureuses. Je pense entre autres à Wauquiez, Bellamy, Morano ou Retailleau. Néanmoins le parti s’est centrisé depuis les années 80. La droite était nationale et populaire, elle est devenue européiste et libérale. Elle s’est ainsi coupée de ses électeurs.”.
Il conclut en présentant son projet politique: „réaliser l’union de la droite populaire et de la bourgeoisie patriote. Les sondages indiquent que je suis le seul à pouvoir réunir ces deux électorats et ainsi pouvoir faire gagner la droite.”.
L’entretien se poursuit sur les questions d’immigration et d’identité. Éric Zemmour reste fidèle aux idées qu’il développe depuis une vingtaine d’années: „Il n’est pas trop tard. Malgré les prémices d’une guerre civile, l’assimilation reste possible, mais il faut commencer par stopper les flux migratoires. A partir de là on pourra aider ceux qui sont là à s’assimiler”. Il est tout autant possible de sauvegarder notre identité et par là l’identité européenne, à condition de „s’opposer à l’idéologie libérale-libertaire qui gangrène l’Europe via Bruxelles et au dogme „woke” venu du monde anglo-saxon.”.
Nous arrivons au thème de la politique étrangère. A la question de M. Bault sur les alliances de la France, Zemmour se montre connaisseur de la situation géopolitique et historique de l’Europe centrale et orientale: „je connais et je respecte les craintes de la Pologne vis à vis de la Russie. La France agira en stabilisateur régional, afin de prouver que le conflit avec la Russie n’est pas la solution. Je suis favorable à la conception gaulliste d’une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural, focalisée sur la sécurité et la stabilité. La politique étrangère de la France doit rester indépendante de Washington, Bruxelles et Moscou.”. Ce rééquilibrage diplomatique se fera en quittant le commandement intégré de l’OTAN, tout en restant au sein de l’alliance.
Par ailleurs il réitère son soutien à la Pologne et à la Hongrie dans le conflit juridico-idéologique qui les oppose aux institutions européennes qui „exercent menaces et chantages” contre des gouvernements démocratiquement élus. Il se montre néanmoins prudent sur la position de la France au sein de l’Union Européenne: „Je ne souhaite pas que nous quittions l’UE ou la zone euro. Ce n’est pas essentiel dans la lutte que nous devons mener contre l’invasion migratoire. Nous devons juste placer le droit français au-dessus du droit européen, comme vient de le faire courageusement le Tribunal Constitutionnel polonais.”. „L’Europe doit redevenir une alliance de nations, comme le général de Gaulle l’avait conçue.”.
Enfin, les deux journalistes débattent de la comparaison faite entre Zemmour et Trump. Le premier reconnait le talent politique du second: „Trump a réussi à réunir les deux électorats dont je parlais plus tôt. De plus sa vision globale était juste (au sujet de la mondialisation, de la Chine, de l’immigration). En ne trahissant pas ses promesses électorales il est parvenu à maintenir une base solide. C’est simple, il suffit de faire ce qu’on dit et de ne pas se contredire”. L’intellectuel note tout de même ce qui le différencie de l’ancien Président des Etats-Unis: le style et la culture. Homme de lettres contre homme de télévision. Homme d’esprit contre homme de spectacle.
En guise de conclusion Éric Zemmour présente la France comme une puissance ayant des atouts maîtres: „la bombe atomique, une place au Conseil de Sécurité de l’ONU, une présence sur tous les océans, la francophonie, une force militaire pouvant se projeter partout.” Atouts qui nous permettent d’avoir une ambition globale, de ne pas juste être „enfermés, selon le souhait de Macron, dans une Europe trop corsetée”.
Zemmour démontre dans cet entretien sa maîtrise des sujets globaux et sa capacité à mettre en avant la défense des intérêts de la France sans pour autant compromettre la stabilité de l’environnement géopolitique dans lequel elle baigne. L’entretien en lui-même lui permet d’être mieux reconnu à l’international, notamment en Europe centrale, ce qui aura sans aucun doute un effet bénéfique sur son image.
Nathaniel GARSTECKA