La Pologne défend l'Occident ?

Selon Marx, la répétition d'événements historiques tragiques prend volontiers la forme d'une farce.
 La Pologne défend l'Occident ?

Cela a rarement été aussi vrai que ces derniers jours, lorsque la Pologne a une fois de plus été poussée dans le rôle de défenseur de l'Occident - une défense qui, contrairement à l'intervention héroïque lors de la bataille du Kahlenberg, prend des allures de farce. Non pas parce que le courage ou le mérite polonais seraient moindres qu'à l'époque – au contraire –, mais plutôt parce que l'ensemble de la situation apparaît comme une grotesque aussi malsaine que mortelle, où rien n'est comme cela devrait l'être, et où même l'accomplissement du devoir ne peut apporter que du dégoût.

Il y a tout d'abord la Russie et la Biélorussie : d'habitude défenseuses autoproclamées de l'Occident chrétien, elles n'ont pas honte d'utiliser elles-mêmes l'immigration de masse, habituellement critiquée à tout bout de champ, comme une arme, et de critiquer ensuite la Pologne en raison de prétendues violences policières - une moquerie de mauvais goût, rendue encore plus répugnante par le fait qu'elle est prête à mettre en jeu la vie de dizaines de milliers de migrants, jetés comme chair à canon potentielle contre la frontière polonaise.

Ensuite, les alliés de la Pologne. Varsovie est habituée à ce que ses alliés la laissent seule à l'heure de l'urgence, mais la situation a rarement été aussi absurde qu'aujourd'hui. Car la France, les Etats-Unis, l'UE et bien sûr l'Allemagne sont pris dans un dilemme pour savoir lequel des deux antagonistes ils détestent le plus : la Pologne conservatrice ou l'alliance russo-biélorusse. L'Occident ne fait donc - rien, ou plutôt : au niveau gouvernemental, on assure la Pologne de son soutien en grinçant des dents ; mais les médias, les ONG et de nombreux hommes politiques se lancent de plus en plus dans la critique du traitement « inhumain » des migrants par les forces de sécurité polonaises et développent une image de « réfugiés coincés entre la Pologne et la Biélorussie », qui ne tient absolument pas compte de la question de savoir comment et pourquoi ces migrants syriens et irakiens sont arrivés dans les forêts de l'Est de la Pologne…

Et enfin, les migrants eux-mêmes : il y a 350 ans, il s´agissait de conquérants suréquipés qui s'attaquaient à l'Occident ; aujourd'hui, ce sont de pauvres jeunes hommes perdus entre hédonisme occidental et fondamentalisme rétrograde et qui, en quête d'une existence meilleure, veulent extorquer, par la violence, asile et aumône à ceux qu'ils méprisent pourtant cordialement en leur for intérieur.

Face à cette constellation, et contrairement à 1683, la Pologne ne peut que ressentir du dégoût, et s’attendre à peu d'honneur. Et pourtant, c'est peut-être cela le véritable héroïsme : accomplir son devoir non seulement lorsqu'il s'agit d’obtenir la gloire dans une bataille grandiose, mais aussi lorsqu'il ne s'agit « que » du principe - comme si ce principe n'était pas plus important que tous les succès extérieurs. Car oui, non seulement la défense d'une civilisation, mais aussi l'intégrité d'une frontière nationale représentent une telle valeur supérieure. Et aussi difficile que cela puisse être à comprendre aujourd'hui : cette valeur abstraite peut tout à fait rivaliser avec le poids moral de la souffrance individuelle mise en scène par les médias, car elle exprime la volonté de maintenir un système de règles autonomes et séculaires qui, une fois abolis sur un point aussi central que celui du respect des frontières, ne peut plus prétendre à aucun autre respect. Cela aussi, c'est « l'Occident ».

David Engels, essayiste et historien belge, est professeur d'histoire romaine à l'Université libre de Bruxelles et travaille pour l'Instytut Zachodni à Poznań.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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La Pologne défend l'Occident ?

Selon Marx, la répétition d'événements historiques tragiques prend volontiers la forme d'une farce.
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Cela a rarement été aussi vrai que ces derniers jours, lorsque la Pologne a une fois de plus été poussée dans le rôle de défenseur de l'Occident - une défense qui, contrairement à l'intervention héroïque lors de la bataille du Kahlenberg, prend des allures de farce. Non pas parce que le courage ou le mérite polonais seraient moindres qu'à l'époque – au contraire –, mais plutôt parce que l'ensemble de la situation apparaît comme une grotesque aussi malsaine que mortelle, où rien n'est comme cela devrait l'être, et où même l'accomplissement du devoir ne peut apporter que du dégoût.

Il y a tout d'abord la Russie et la Biélorussie : d'habitude défenseuses autoproclamées de l'Occident chrétien, elles n'ont pas honte d'utiliser elles-mêmes l'immigration de masse, habituellement critiquée à tout bout de champ, comme une arme, et de critiquer ensuite la Pologne en raison de prétendues violences policières - une moquerie de mauvais goût, rendue encore plus répugnante par le fait qu'elle est prête à mettre en jeu la vie de dizaines de milliers de migrants, jetés comme chair à canon potentielle contre la frontière polonaise.

Ensuite, les alliés de la Pologne. Varsovie est habituée à ce que ses alliés la laissent seule à l'heure de l'urgence, mais la situation a rarement été aussi absurde qu'aujourd'hui. Car la France, les Etats-Unis, l'UE et bien sûr l'Allemagne sont pris dans un dilemme pour savoir lequel des deux antagonistes ils détestent le plus : la Pologne conservatrice ou l'alliance russo-biélorusse. L'Occident ne fait donc - rien, ou plutôt : au niveau gouvernemental, on assure la Pologne de son soutien en grinçant des dents ; mais les médias, les ONG et de nombreux hommes politiques se lancent de plus en plus dans la critique du traitement « inhumain » des migrants par les forces de sécurité polonaises et développent une image de « réfugiés coincés entre la Pologne et la Biélorussie », qui ne tient absolument pas compte de la question de savoir comment et pourquoi ces migrants syriens et irakiens sont arrivés dans les forêts de l'Est de la Pologne…

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Face à cette constellation, et contrairement à 1683, la Pologne ne peut que ressentir du dégoût, et s’attendre à peu d'honneur. Et pourtant, c'est peut-être cela le véritable héroïsme : accomplir son devoir non seulement lorsqu'il s'agit d’obtenir la gloire dans une bataille grandiose, mais aussi lorsqu'il ne s'agit « que » du principe - comme si ce principe n'était pas plus important que tous les succès extérieurs. Car oui, non seulement la défense d'une civilisation, mais aussi l'intégrité d'une frontière nationale représentent une telle valeur supérieure. Et aussi difficile que cela puisse être à comprendre aujourd'hui : cette valeur abstraite peut tout à fait rivaliser avec le poids moral de la souffrance individuelle mise en scène par les médias, car elle exprime la volonté de maintenir un système de règles autonomes et séculaires qui, une fois abolis sur un point aussi central que celui du respect des frontières, ne peut plus prétendre à aucun autre respect. Cela aussi, c'est « l'Occident ».

David Engels, essayiste et historien belge, est professeur d'histoire romaine à l'Université libre de Bruxelles et travaille pour l'Instytut Zachodni à Poznań.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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