Carnet d'un Francais réfugié en Pologne #7
La vie est paisible et douce en Pologne, mais il n'y a jamais de répit pour ceux qui ne supportent pas le mensonge, celui-ci faisant partie intégrante de la vie moderne, de ses médias, de ses réseaux asociaux. A moins de vivre en autarcie totale, bien entendu. En attendant que la contre-vérité soit officiellement instituée aux Jeux Olympiques, penchons nous sur les différents courants de cette discipline prometteuse, et disséquons les âneries irritantes émises par nos compatriotes.
1 - Les révisionnistes
Ça et là, on trouvera des gens qui, défiant les chiffres, les rapports accablants, l'observation la plus élémentaire, l'expérience la plus directe, continueront de dire que la Pologne n'est pas plus agréable à vivre que la France, que l'insécurité est similaire, que c'est un biais statistique, une déformation de notre esprit rendu fou par un racisme maladif. Vous avez beau parler des voitures brûlées, des rodéos, des agressions, intimidations, attaques de policiers, terrorisme, trafic de drogue, règlements de comptes, fusillades, rien n'y fait. Leur meilleure arme (la seule, en réalité), est une grosse poignée de slogans qui permettent de diluer le réel dans le concept, genre "Il y a des cons partout". Au moins, ils en font la démonstration.
2 - Les négationnistes
Pour eux, il ne se passe absolument rien, nulle part. Il n'y a pas de crise en France, l’Europe ne connaît aucune menace. Je ne parle pas des apolitiques, évidemment, mais bien de ceux qui savent très bien de quoi il est question, mais le nient purement et simplement. Les nuits ne sont pas moins anxiogènes à Cracovie qu'à Marseille, l'atmosphère pas plus respirable, il n'y a pas moins de faits divers aberrants en Pologne. Mais alors, pourquoi sont-ils venus vivre ici ? Silence radio.
3 - Les génies
"Tu craches sur l'immigration, mais tu es toi même un immigré !". Splendide, délicieux. C'est le jour où j'ai compris que la fameuse formule de Descartes « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » atteignait rapidement ses limites. D'une part, les Polonais sont ravis de l'intérêt que nous leur portons (car ils ont une haute estime des Français), mais surtout, l'immigration intra-européenne n'a jamais causé le centième des problèmes contre lesquels nous nous élevons. Ce n'est pas l'immigration en soi que nous critiquons, mais la nature et les proportions de celle-ci. Par exemple, l'immigration chinoise ou japonaise n'a jamais posé problème. Mais pour saisir ces nuances, encore faut-il avoir un peu de discernement, qui semble être la kryptonite des super-immigrationnistes.
4 - Les évangélistes
Venus porter la bonne parole aux peuples rustres d’Europe centrale, les évangélistes n'ont qu'un seul souci : rendre les locaux aussi progressistes qu'à l'Ouest. Comprendre : atteindre le niveau d'insécurité des pays qu'ils ont fui, et permettre aux lobbies LGBT de faire l'éducation sexuelle aux petits Polonais dès 3 ans. Dans la foulée, établir l'empire wokiste, avec ses publicités sans aucun européen, le remplacement des statues de héros de guerre par de l'art contemporain, l'effacement de la musique classique par le rap, la transformation des bâtiments européens en boîtes à chaussures. Le progrès, quoi.
5 - Les poilus
J'ai dû rater quelque chose, mais apparemment il y a une guerre ouverte en France, que nous aurions "désertée". Depuis leurs tranchées, les poilus modernes tapotent sur leurs iphones avec leurs doigts boueux "Vous avez fui le pays, vous êtes des lâches !!!". Au contraire, s'il y avait une guerre, nous serions restés pour la faire, mais la situation est toute autre : un gouvernement dingue s'est retourné contre sa population pour la trahir et la livrer à toutes les sévisses. Il n'y a pas de guerre, comme il n'y avait pas de guerre à Moscou contre l'URSS, comme il n'y a pas de guerre à Pyongyang, seulement un Etat totalitaire, des bureaucrates résolus et une armée de citoyens collabos ou apeurés - et dans le cas de la France, une guérilla de faible intensité sur notre sol, qui occupe les bas quartiers et exécute des otages de temps en temps.
Je suspecte que ce soit la jalousie qui anime ceux qui nous traitent de lâches, car ils aimeraient eux aussi quitter ce pays fou, mettre les leurs à l'abri, et vivre normalement.
De tous les précédents, ce sont d'ailleurs les derniers que nous comprenons le plus, car il se cache souvent en eux un français sain qui est conscient de la grande mascarade à laquelle il participe, et qui débouche en souffrance psychique d'un genre nouveau. A ceux-là, je dirais de vous évader aussi, en attendant que la France s'effondre comme l'URSS l'a fait en son temps, sous ses contradictions.
Paul BARTHOLOMEE