Carnet d'un Français réfugié en Pologne #8
Si beaucoup connaissent le terme de "Grand remplacement" mis en lumière par Renaud Camus, et qui pointe le phénomène de remplacement de population en Occident, il est aussi le père d'un second terme moins connu : le "Petit remplacement". Qu'est-ce ? Et surtout, est-ce qu'il se manifeste déjà en Pologne ?
Le Petit remplacement précède quasi-nécessairement le Grand. Il est le remplacement conceptuel et symbolique de notions et de valeurs anciennes, tangibles, importantes, cohérentes, admises et établies, qui définissent une identité culturelle claire et réelle, par des concepts et des symboles vulgaires, faux, mensongers, étrangers, différents, dilués et diluants. Exemples : la langue par la novlangue, l'écriture par l'écriture inclusive, la musique par la variété, le mot par l'abréviation, la mélodie par le rythme, la vérité par la post-vérité, le café par le Starbuck, l'analyse par le commentaire journalistique, la culture locale par le divertissement global, la pensée par le slogan. Le Petit remplacement est à la fois un mouvement vers l'extérieur, et un mouvement vers le bas, il est changement et abaissement.
En dénaturant les repères symboliques et conceptuels qui régissent l'identité et la structure d'une nation, le Petit remplacement sape les piliers de celle-ci et livre ses individus au déracinement, nécessaire à la mondialisation et au Grand remplacement. On connaît tous des déracinés -ou du moins, on a déjà visité des déracinés témoins- qui ne voient pas le problème à remplacer des français par des extra-européens, une culture par une autre, des mœurs par d'autres, celles-ci et celles-là étant par ailleurs tout à fait égales et relatives. Que la culture française, sa manière, sa poésie, sa distinction, son histoire, son esthétique, son rythme, son point de vue, son excellence et sa langue s'éteignent, ça ne les concerne pas, ou pas vraiment, ou plus. Pourquoi donc se battre pour défendre une chose plutôt qu'une autre, les deux vous étant également étrangères ? Le Grand remplacement peut alors commencer.
Il n'y a pas de Grand remplacement en Pologne, mais vous comprenez mon propos : peu importe. Il faut observer si les conditions de celui-ci sont réunies, et cela passe par le Petit remplacement. Empêchez celui-ci, et vous vous assurez de vous prémunir contre son successeur.
Il me semble malheureusement que le Petit avance tranquillement grâce aux haut-parleurs des médias mainstream, particulièrement dans les grands centres urbains où une certaine jeunesse lorgne de plus en plus sur l'exotisme et la modernité, bien plus "cool" et "fun" que le local et la tradition. Ce qui est totalement faux, d'ailleurs, et n'est rendu possible que par le miroir déformant des médias et de la publicité, car le terroir polonais (comme français), ses alcools, ses plats, sa peinture, ses fêtes, ses motifs, son architecture -bref, sa culture réelle- vaut cent fois les alcools médiocres, le fast-food, le Netflix, les bâtiments sans âme des centres urbains, qui ne viennent de nulle part, sont similaires en toute capitale et ne parlent à personne.
C'est d'ailleurs ce qui se passe actuellement en France, auprès d'une jeunesse lassée des promesses vides de la fanfare moderniste, et qui se replonge dans son terroir, sa culture, son héritage.
Espérons que ce mouvement suivra en Pologne -et pressons cette tendance en partageant autour de nous notre témoignage.
Paul BARTHOLOMEE