Interview polonaise d'E. Zemmour: "L'enjeu c’est la survie de notre civilisation"

Interview d'Eric Zemmour par Patrick Edery & Cezary Krysztopa publiée le 5 janvier dans l'hebdomadaire Tygodnik Solidarnosc
 Interview polonaise d'E. Zemmour:

1. La CGT, la CFDT, la CFTC et FO demandent l’exclusion du syndicat Solidarnosc (à qui appartient notre média) de la Confédération européenne des syndicats, car nous serions complaisants à l’égard de Marine Le Pen et de vous-même. La France est-elle devenue un régime totalitaire où le progressisme règne partout via le politiquement correct : haute administration, Etat, partis politiques, Cours suprêmes, éducation nationale, grands groupes, 95% des ONG, médias de masse et maintenant les syndicats?

Ceci n’est pas étonnant de la part de certains de nos syndicats, qui ont abandonné la cause des classes populaires depuis longtemps pour se perdre dans le progressisme. Mais là, il faut reconnaître qu’un nouveau pas est franchi. En menaçant d’expulser Solidarnosc, leur obsession va jusqu’à l’absurde : ils s’opposent à un syndicat légendaire, à la pointe du combat contre le totalitarisme communiste. Je pense que ces organisations sont tellement coupées de leur base traditionnelle que cela les pousse à des réactions extrêmes proches de la panique.

2. Notre média a été accusé par les syndicats et médias français de "soutenir l'extrême droite". Etes-vous d’«extrême droite » ? Êtes-vous un ennemi des syndicats?

Les syndicats ont un rôle essentiel dans une démocratie. Je pense que ceux-ci ont fait beaucoup pour la cause ouvrière aux 19ème et 20ème siècles. Ils se sont aussi illustrés comme des défenseurs de la patrie pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il faut se souvenir que ce sont les syndicats qui, en France, s’opposaient à l’immigration de masse dans les années 1960 et 1970 car ils voyaient bien le danger que cela faisait courir aux travailleurs français. Ils ont ensuite été entraînés par le parti socialiste dans un abîme idéologique d’où ils n’ont pu se sortir que par le progressisme.  Quant au qualificatif d’extrême-droite, c’est une qualification utilisée pour nous rendre infréquentable et marginal. Mais comme je l’ai démontré au cours des derniers mois, mes idées sont loin d’être marginales dans la France d’aujourd’hui.

3. Une des questions que nous avons posé à Marine Le Pen, qui a le plus choqué le journal Le Monde, est la suivante : « La Commission européenne et la CJUE remplacent peu à peu les valeurs européennes (liberté d’expression, nation, famille, racines chrétiennes…) par les valeurs progressistes (politiquement correct, monde sans frontières, théories du genre…), comment considérez-vous cette ingénierie sociale ? ». En quoi cette question est choquante et accepteriez-vous d’y répondre ?

Cette question n’est choquante que pour une certaine élite. L’extraordinaire réaction qu’elle a provoquée reflète qu’elle touche au fondement idéologique du projet européen. Vous avez touché juste par cette question, et c’est cela qui irrite nos élites européistes. Pour moi, c’est très clair : la Commission européenne ne défend plus depuis longtemps le bien des peuples européens – elle défend une idéologie qu’elle maquille sous les traits de la défense de la démocratie et des droits de l’homme. Mon espoir est que les peuples ne se laissent pas faire : en particulier ceux d’Europe centrale et orientale, et demain peut-être le peuple français. Cette idéologie doit être combattue car c’est la survie de notre culture et de notre civilisation qui est en jeu.

4. L’arrivée au pouvoir à Berlin d’une coalition SPD – FDP – les Verts, avec une réélection éventuelle du président Emmanuel Macron peut créer une situation où plus rien ne pourra s’opposer à la volonté des technocrates de l’UE de s’affranchir du suffrage universel et de remettre sur la table le pacte des migrations. L’enjeu de ces présidentielles ce n’est peut-être pas seulement la survie de la France, mais le remplacement de nos démocraties européennes par un super-Etat technocratique, dominé par l’Allemagne. Que se passe-t-il si les patriotes français perdent ?

Les projets d’Emmanuel Macron sur le plan européen tendent clairement vers un Etat fédéral. Il ne l’assume pas, bien sûr, mais c’est sa ligne politique objective . Je pense comme vous que le résultat de cette politique revient à donner les clés de nos intérêts et de notre puissance à l’Allemagne. Cette évolution est déjà en cours depuis plusieurs années et ne date pas d’Emmanuel Macron, et se poursuivra sans lui si Valérie Pécresse est élue. Le nouveau Chancelier allemand s’est rendu à Paris dès après son élection non pas pour visiter un égal, mais pour rendre visite à un vassal. Notre responsabilité est donc importante et il faut mettre un coup d’arrêt à la centralisation du pouvoir au niveau européen.

5. Vous êtes à la fois un grand défenseur des racines chrétiennes de l’Europe et d’une laïcité « ostentatoire ». N’est-ce pas contradictoire ? Comment réaffirmer une identité européenne sans un retour au christianisme ?

Cette contradiction n’est qu’apparente. La laïcité fait partie de l’identité française en tant que réponse à un christianisme devenu trop influent dans les sphères sociale et politique. L’Islam doit en passer par là aussi – comme le judaïsme et le christianisme avant lui. C’est ce que j’appelle l’assimilation. Mais le christianisme a une place à part dans l’identité européenne car il est au cœur de notre civilisation – contrairement à l’Islam. Il n’y a pas de France ni d’Europe sans culture chrétienne et gréco-romaine.

6. Pour votre premier meeting monstre à Villepinte vous avez eu un discours qui, selon les commentateurs, est beaucoup plus rassembleur, plus global et complet, par rapport à ceux du début de votre campagne où vous avez été monothématique sur le danger que représentait l’immigration pour la survie même de la France. Est-ce un tournant dans votre campagne?

Je pense qu’il fallait d’abord poser les termes du débat. Et le débat central aujourd’hui en France, c’est la survie de notre pays tel que nous l’avons toujours connu et de notre civilisation. Je ne suis donc pas monothématique par dessein : c’est la situation de notre pays qui exige qu’un débat sur le thème de l’identité et de l’immigration ait lieu. A Villepinte, qui vient après ma décision de me présenter à l’élection présidentielle, j’ai d’abord voulu montrer que cette thématique de l’identité s’inscrivait dans un projet plus large, un projet pour la France, avec ses composantes économiques, sociales, industrielles, diplomatique. J’ai voulu tracer une vision de la France, là où les autres candidats ne proposent que des mesures de gestionnaires.

7. Comment la France changerait-elle si vous arriviez au pouvoir ?

Mon projet s’articule autour de quelques priorités qui sont fondamentales pour l’avenir de notre pays. L’immigration bien sûr, mais aussi la réindustrialisation du pays et la préservation des services publics partout en France. Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes immédiatement. Mais j’entends prendre des mesures fortes et rapides sur nos problèmes existentiels qui touchent à la survie de notre pays. En matière d’immigration, nous mettrons en place les conditions pour que les flux d’immigrations légale et illégale soient drastiquement réduits. Je remettrai la France sur le chemin de la réindustrialisation qui nous permettra de créer des emplois et d’augmenter le pouvoir d’achat des Français.

8. La France n'a jamais été en guerre avec la Pologne. Français et Polonais ont été d’innombrables fois frères de sang. Les armées polonaises ont très souvent combattu auprès des armées françaises, notamment sous Napoléon. La grand-mère des derniers rois de France était Polonaise. La Pologne peut-elle redevenir un allié privilégié de la France?

La Pologne est en effet une alliée historique de la France, et je souhaite que cette alliance soit renouvelée et consolidée. La première étape est le respect : respect pour un grand pays, avec une grande culture et une grande histoire. Respect aussi des choix du peuple polonais : j’exigerai que la Commission et la CJUE cessent le harcèlement et le chantage inacceptables qu’elles font peser sur la Pologne alors que celle-ci effectue des choix parfaitement légitimes. Je veux donc une relation équilibrée, d’égal à égal. Nous avons tant à faire au plan économique, culturel, mais aussi dans le domaine de la sécurité et de la défense.

9. En Pologne 2/3 des médias audiovisuels et de la presse écrite tirent à boulets rouges, tous les jours, sur le gouvernement. En France 95% des médias soutiennent le président Macron. Pourtant c’est la Pologne que l’on accuse de vouloir mettre au pas la presse. Pourquoi ?

Vous touchez la question essentielle : avant de donner des leçons de démocratie au monde entier, nous devrions d’abord balayer devant notre porte. Il y a une quasi-unanimité médiatique en France sur une seule ligne politique : celle du progressisme européiste. Cela vient notamment du service public audiovisuel qui doit être profondément réformé – je propose notamment que les impôts des Français cessent de payer des médias qui leur crachent dessus à longueur de journée.

10. Comment expliquez-vous que les deux gouvernements démocratiquement élus puis réélus en Europe (Pologne et Hongrie) soient les plus attaqués par les institutions européennes ?

Précisément parce que les institutions européennes n’aiment pas la démocratie. Elles se méfient des peuples et de leurs choix, parce que ces choix dévient parfois de leur idéologie progressiste. J’appelle la Pologne et la Hongrie à tenir bon dans leur face à face avec Bruxelles, et je les soutiendrai en tant que Président de la République.

11. La Pologne fait face à un déchaînement de mensonges et d'attaques de la part des médias occidentaux et des institutions européennes. Comment expliquez-vous cette propagande inique contre la Pologne?

Une grande partie des médias occidentaux partagent et défendent activement la même idéologie que les institutions européennes. Certains le font car ils y croient vraiment, d’autres par paresse voire lâcheté intellectuelle. Ces journalistes devraient aller sur le terrain, comprendre les choix des peuples plutôt que de les juger.

12. La Biélorussie, dépendante du Kremlin, mène une attaque hybride à la frontière de la Pologne et de l’UE. Pourquoi les institutions européennes attaquent-elles la Pologne, alors qu’elle défend la frontière commune, au lieu de la soutenir ?

Je soutiens pleinement la Pologne dans la défense des frontières européennes. D’autant plus qu’à cause de Schengen, c’est la Pologne qui en réalité défend les frontières de la France. Je dénonce les déclarations de plusieurs dirigeants européens critiquant les actions de la Pologne. Votre pays a fait preuve de courage et n’a pas abandonné ses responsabilités. Des actions déterminées aux frontières sont nécessaires, mais pas suffisantes. Il faut réformer Schengen pour redonner aux États les moyens de protéger leurs propres frontières. Et il faut que les pays européens cessent d’attirer les immigrés du fait de systèmes sociaux trop généreux.

13. Du fait des menées de la Russie, les prix du gaz en Europe augmentent, et par conséquent l'inflation. L'Europe doit-elle devenir énergétiquement dépendante de la Russie ?

Chaque pays doit décider de sa politique énergétique en fonction de ses intérêts. L’une des raisons pour laquelle l’Europe est dépendante de la Russie au plan énergétique est que l’Allemagne a abandonné le nucléaire au profit des renouvelables, mais qu’elle a dû pour cela augmenter ses capacités de production d’électricité à partir du gaz. Ce genre de décisions absurdes nous met en difficulté aujourd’hui et a des conséquences sur les prix de l’énergie au niveau européen.

14. L'Europe abandonnera-t-elle l'Ukraine à la Russie ?

L’intégrité territoriale de l’Ukraine doit être préservée. Mais l’Europe doit aussi prendre en compte les intérêts de sécurité de la Russie. Les velléités d’élargissement géographique de l’OTAN sont des facteurs de déstabilisation. Il faut y mettre un terme. Je déplore que les Européens soient aujourd’hui entièrement marginalisés du dialogue entre Moscou et Washington – notamment la France qui était à l’origine du format Normandie qui aurait pu permettre un dialogue avec la Russie si celui-ci avait été sincère et mené de manière autonome. La réalité, c’est que nous ne comptons plus sur la scène internationale. Nous avons remis les clés de la sécurité de notre pays et de l’Europe entre les mains de Washington et de Moscou.


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Ceci n’est pas étonnant de la part de certains de nos syndicats, qui ont abandonné la cause des classes populaires depuis longtemps pour se perdre dans le progressisme. Mais là, il faut reconnaître qu’un nouveau pas est franchi. En menaçant d’expulser Solidarnosc, leur obsession va jusqu’à l’absurde : ils s’opposent à un syndicat légendaire, à la pointe du combat contre le totalitarisme communiste. Je pense que ces organisations sont tellement coupées de leur base traditionnelle que cela les pousse à des réactions extrêmes proches de la panique.

2. Notre média a été accusé par les syndicats et médias français de "soutenir l'extrême droite". Etes-vous d’«extrême droite » ? Êtes-vous un ennemi des syndicats?

Les syndicats ont un rôle essentiel dans une démocratie. Je pense que ceux-ci ont fait beaucoup pour la cause ouvrière aux 19ème et 20ème siècles. Ils se sont aussi illustrés comme des défenseurs de la patrie pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il faut se souvenir que ce sont les syndicats qui, en France, s’opposaient à l’immigration de masse dans les années 1960 et 1970 car ils voyaient bien le danger que cela faisait courir aux travailleurs français. Ils ont ensuite été entraînés par le parti socialiste dans un abîme idéologique d’où ils n’ont pu se sortir que par le progressisme.  Quant au qualificatif d’extrême-droite, c’est une qualification utilisée pour nous rendre infréquentable et marginal. Mais comme je l’ai démontré au cours des derniers mois, mes idées sont loin d’être marginales dans la France d’aujourd’hui.

3. Une des questions que nous avons posé à Marine Le Pen, qui a le plus choqué le journal Le Monde, est la suivante : « La Commission européenne et la CJUE remplacent peu à peu les valeurs européennes (liberté d’expression, nation, famille, racines chrétiennes…) par les valeurs progressistes (politiquement correct, monde sans frontières, théories du genre…), comment considérez-vous cette ingénierie sociale ? ». En quoi cette question est choquante et accepteriez-vous d’y répondre ?

Cette question n’est choquante que pour une certaine élite. L’extraordinaire réaction qu’elle a provoquée reflète qu’elle touche au fondement idéologique du projet européen. Vous avez touché juste par cette question, et c’est cela qui irrite nos élites européistes. Pour moi, c’est très clair : la Commission européenne ne défend plus depuis longtemps le bien des peuples européens – elle défend une idéologie qu’elle maquille sous les traits de la défense de la démocratie et des droits de l’homme. Mon espoir est que les peuples ne se laissent pas faire : en particulier ceux d’Europe centrale et orientale, et demain peut-être le peuple français. Cette idéologie doit être combattue car c’est la survie de notre culture et de notre civilisation qui est en jeu.

4. L’arrivée au pouvoir à Berlin d’une coalition SPD – FDP – les Verts, avec une réélection éventuelle du président Emmanuel Macron peut créer une situation où plus rien ne pourra s’opposer à la volonté des technocrates de l’UE de s’affranchir du suffrage universel et de remettre sur la table le pacte des migrations. L’enjeu de ces présidentielles ce n’est peut-être pas seulement la survie de la France, mais le remplacement de nos démocraties européennes par un super-Etat technocratique, dominé par l’Allemagne. Que se passe-t-il si les patriotes français perdent ?

Les projets d’Emmanuel Macron sur le plan européen tendent clairement vers un Etat fédéral. Il ne l’assume pas, bien sûr, mais c’est sa ligne politique objective . Je pense comme vous que le résultat de cette politique revient à donner les clés de nos intérêts et de notre puissance à l’Allemagne. Cette évolution est déjà en cours depuis plusieurs années et ne date pas d’Emmanuel Macron, et se poursuivra sans lui si Valérie Pécresse est élue. Le nouveau Chancelier allemand s’est rendu à Paris dès après son élection non pas pour visiter un égal, mais pour rendre visite à un vassal. Notre responsabilité est donc importante et il faut mettre un coup d’arrêt à la centralisation du pouvoir au niveau européen.

5. Vous êtes à la fois un grand défenseur des racines chrétiennes de l’Europe et d’une laïcité « ostentatoire ». N’est-ce pas contradictoire ? Comment réaffirmer une identité européenne sans un retour au christianisme ?

Cette contradiction n’est qu’apparente. La laïcité fait partie de l’identité française en tant que réponse à un christianisme devenu trop influent dans les sphères sociale et politique. L’Islam doit en passer par là aussi – comme le judaïsme et le christianisme avant lui. C’est ce que j’appelle l’assimilation. Mais le christianisme a une place à part dans l’identité européenne car il est au cœur de notre civilisation – contrairement à l’Islam. Il n’y a pas de France ni d’Europe sans culture chrétienne et gréco-romaine.

6. Pour votre premier meeting monstre à Villepinte vous avez eu un discours qui, selon les commentateurs, est beaucoup plus rassembleur, plus global et complet, par rapport à ceux du début de votre campagne où vous avez été monothématique sur le danger que représentait l’immigration pour la survie même de la France. Est-ce un tournant dans votre campagne?

Je pense qu’il fallait d’abord poser les termes du débat. Et le débat central aujourd’hui en France, c’est la survie de notre pays tel que nous l’avons toujours connu et de notre civilisation. Je ne suis donc pas monothématique par dessein : c’est la situation de notre pays qui exige qu’un débat sur le thème de l’identité et de l’immigration ait lieu. A Villepinte, qui vient après ma décision de me présenter à l’élection présidentielle, j’ai d’abord voulu montrer que cette thématique de l’identité s’inscrivait dans un projet plus large, un projet pour la France, avec ses composantes économiques, sociales, industrielles, diplomatique. J’ai voulu tracer une vision de la France, là où les autres candidats ne proposent que des mesures de gestionnaires.

7. Comment la France changerait-elle si vous arriviez au pouvoir ?

Mon projet s’articule autour de quelques priorités qui sont fondamentales pour l’avenir de notre pays. L’immigration bien sûr, mais aussi la réindustrialisation du pays et la préservation des services publics partout en France. Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes immédiatement. Mais j’entends prendre des mesures fortes et rapides sur nos problèmes existentiels qui touchent à la survie de notre pays. En matière d’immigration, nous mettrons en place les conditions pour que les flux d’immigrations légale et illégale soient drastiquement réduits. Je remettrai la France sur le chemin de la réindustrialisation qui nous permettra de créer des emplois et d’augmenter le pouvoir d’achat des Français.

8. La France n'a jamais été en guerre avec la Pologne. Français et Polonais ont été d’innombrables fois frères de sang. Les armées polonaises ont très souvent combattu auprès des armées françaises, notamment sous Napoléon. La grand-mère des derniers rois de France était Polonaise. La Pologne peut-elle redevenir un allié privilégié de la France?

La Pologne est en effet une alliée historique de la France, et je souhaite que cette alliance soit renouvelée et consolidée. La première étape est le respect : respect pour un grand pays, avec une grande culture et une grande histoire. Respect aussi des choix du peuple polonais : j’exigerai que la Commission et la CJUE cessent le harcèlement et le chantage inacceptables qu’elles font peser sur la Pologne alors que celle-ci effectue des choix parfaitement légitimes. Je veux donc une relation équilibrée, d’égal à égal. Nous avons tant à faire au plan économique, culturel, mais aussi dans le domaine de la sécurité et de la défense.

9. En Pologne 2/3 des médias audiovisuels et de la presse écrite tirent à boulets rouges, tous les jours, sur le gouvernement. En France 95% des médias soutiennent le président Macron. Pourtant c’est la Pologne que l’on accuse de vouloir mettre au pas la presse. Pourquoi ?

Vous touchez la question essentielle : avant de donner des leçons de démocratie au monde entier, nous devrions d’abord balayer devant notre porte. Il y a une quasi-unanimité médiatique en France sur une seule ligne politique : celle du progressisme européiste. Cela vient notamment du service public audiovisuel qui doit être profondément réformé – je propose notamment que les impôts des Français cessent de payer des médias qui leur crachent dessus à longueur de journée.

10. Comment expliquez-vous que les deux gouvernements démocratiquement élus puis réélus en Europe (Pologne et Hongrie) soient les plus attaqués par les institutions européennes ?

Précisément parce que les institutions européennes n’aiment pas la démocratie. Elles se méfient des peuples et de leurs choix, parce que ces choix dévient parfois de leur idéologie progressiste. J’appelle la Pologne et la Hongrie à tenir bon dans leur face à face avec Bruxelles, et je les soutiendrai en tant que Président de la République.

11. La Pologne fait face à un déchaînement de mensonges et d'attaques de la part des médias occidentaux et des institutions européennes. Comment expliquez-vous cette propagande inique contre la Pologne?

Une grande partie des médias occidentaux partagent et défendent activement la même idéologie que les institutions européennes. Certains le font car ils y croient vraiment, d’autres par paresse voire lâcheté intellectuelle. Ces journalistes devraient aller sur le terrain, comprendre les choix des peuples plutôt que de les juger.

12. La Biélorussie, dépendante du Kremlin, mène une attaque hybride à la frontière de la Pologne et de l’UE. Pourquoi les institutions européennes attaquent-elles la Pologne, alors qu’elle défend la frontière commune, au lieu de la soutenir ?

Je soutiens pleinement la Pologne dans la défense des frontières européennes. D’autant plus qu’à cause de Schengen, c’est la Pologne qui en réalité défend les frontières de la France. Je dénonce les déclarations de plusieurs dirigeants européens critiquant les actions de la Pologne. Votre pays a fait preuve de courage et n’a pas abandonné ses responsabilités. Des actions déterminées aux frontières sont nécessaires, mais pas suffisantes. Il faut réformer Schengen pour redonner aux États les moyens de protéger leurs propres frontières. Et il faut que les pays européens cessent d’attirer les immigrés du fait de systèmes sociaux trop généreux.

13. Du fait des menées de la Russie, les prix du gaz en Europe augmentent, et par conséquent l'inflation. L'Europe doit-elle devenir énergétiquement dépendante de la Russie ?

Chaque pays doit décider de sa politique énergétique en fonction de ses intérêts. L’une des raisons pour laquelle l’Europe est dépendante de la Russie au plan énergétique est que l’Allemagne a abandonné le nucléaire au profit des renouvelables, mais qu’elle a dû pour cela augmenter ses capacités de production d’électricité à partir du gaz. Ce genre de décisions absurdes nous met en difficulté aujourd’hui et a des conséquences sur les prix de l’énergie au niveau européen.

14. L'Europe abandonnera-t-elle l'Ukraine à la Russie ?

L’intégrité territoriale de l’Ukraine doit être préservée. Mais l’Europe doit aussi prendre en compte les intérêts de sécurité de la Russie. Les velléités d’élargissement géographique de l’OTAN sont des facteurs de déstabilisation. Il faut y mettre un terme. Je déplore que les Européens soient aujourd’hui entièrement marginalisés du dialogue entre Moscou et Washington – notamment la France qui était à l’origine du format Normandie qui aurait pu permettre un dialogue avec la Russie si celui-ci avait été sincère et mené de manière autonome. La réalité, c’est que nous ne comptons plus sur la scène internationale. Nous avons remis les clés de la sécurité de notre pays et de l’Europe entre les mains de Washington et de Moscou.



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