Marysieńka, une française Reine des cœurs polonais

Marie Casimire de la Grange d'Arquien
naquit le 28 juin de l'an de grâce 1641 à Nevers. Elle est la fille de Henri Albert de La Grange d'Arquien et de Françoise de La Châtre membres de la noblesse du Nivernais.
Dès l'âge de 5 ans, elle débarque à la cour de Pologne. Comme dame de compagnie de Marie-Louise de Gonzague Nevers la première Française Reine de Pologne.
La petite Marie-Casimire aura une éducation de qualité avec des répétiteurs et des percepteurs de grande valeur.
À l'âge adulte en 1656 elle rencontre Jan Sobieski alors Hetman** dont elle tombe folle amoureuse ; cependant, elle est mariée à un noble Polonais Jan Sobiepan Zamoyski, le 3 mars 1658. Un mariage de raison plus que d'amour. Un mariage à la progéniture nombreuse, mais morte en bas âge.
Suite à la mort de Zamoyski, elle épouse enfin l'homme de sa vie, Jan Sobieski le 5 juillet 1665. 14 enfants verront le jours mais, seulement 4 atteindront la majorité dont, Thérèse-Cunégonde Sobieska, épouse de l'électeur de Bavière Maximilien-Emmanuel.
Avec ses petits, elle se montre très attentionnée et soucieuse de leur éducation et de leur bien-être. Avec Jan, elle file le parfait amour. Un amour à faire jalouser Éloïse et Abélard.
En 1672 Jan Sobieski, est élu Roi de Pologne, le couronnement a lieu en 1674, Jan Sobieski devient : Jan III Sobieski. Le jour du couronnement les Polonais découvre leur Reine, une Reine d'une beauté sans égale. Le peuple est conquis. Elle consacrera son règne à œuvrer pour des œuvres de charité et piété. Elle se montrera attentive au sort de son peuple. Sur la scène géopolitique, elle s'évertuera à l'alliance des deux puissances européennes d'alors, la France à l'ouest et la Pologne à l'est.
À la cour et dans la société polonaise elle introduira le chic à la Française. Elle est la mère du sentiment francophile des Polonais.
Jan III Sobieski l'adore. Il aime son esprit libre et mordant, son goût des balades à cheval et son indépendance.
Très catholique elle fait construire l'église Saint-Casimire à Varsovie ou seront honorés les Saints Sacrements.
Cette église deviendra le tombeau de ses enfants.
De sa romance avec Jan III Sobieski subsiste une abondante correspondance car Sobieski était un Roi guerrier toujours à croiser le fer avec les ennemis de la Pologne ; elle rejoindra une à deux fois son époux sur le champs de bataille. Une correspondance où les lettres enflammées et passionnées sont légion.
En septembre, 1683 Sobieski devient le héro de la chrétienté en battant les troupes de l'Empire ottoman. Permettant ainsi à Marysieńka de devenir un personnage de l'histoire de la Pologne.
Après la mort de son mari elle part à Rome puis rentre en France où elle pousse son dernier souffle à Blois le 30 janvier 1716 à l'âge de 75 ans.
Elle repose dans la Cathédrale Saint Stanisław de Cracovie au Wawel, dans la crypte Saint-Léonard.
De cette histoire d'amour franco-polonaise, de ce réel Éloïse et Abélard, naîtra la francophilie des Polonais. Elle est encore nommée par son diminutif polonais Marysieńka.
Marysieńka, une marque d'affection éternelle du peuple polonais pour la Francuska (Française) Reine de Pologne et du cœur des Polonais.
Florian Marek.
A lire : "Reine par Amour" de Geneviève Chauvel.
(*Léchistan: venant du nom ancien de la Pologne : Lechia, terre de Lech.)
(**Hetman : chef des armées polonaises sous l'ancien régime.)