A lire ou à relire : De l’urgence d’être réactionnaire (Ivan Rioufol, 2012)

Il y a exactement 10 ans, en février 2012, paraissait « De l'urgence d'être réactionnaire » aux Éditions PUF. Son auteur, Ivan Rioufol, est né en 1952 à Nantes. Il étudie à l’Université de Nantes, ou il obtient un DEA en droit maritime et aérien. Il commence rapidement une carrière de journaliste et rejoint en 1985 « le Figaro ». Il y gravit les échelons jusqu’à devenir, en 1995, rédacteur en chef du service des informations générales puis membre du comité éditorial du journal en 2000. Il tient un Bloc-notes hebdomadaire (le vendredi) qui est publié dans le quotidien, il est chroniqueur sur la chaîne d’information en continu "Cnews" et il publie régulièrement sur son blog https://blogrioufol.com/. Ses principaux ouvrages sont : « La Fracture identitaire » (Fayard, 2008), « De l'urgence d'être réactionnaire » (Éditions PUF, 2012) et « Le Crépuscule du socialisme » (Éditions de Passy, 2013). Par ailleurs il fait régulièrement éditer les recueil de ses chroniques.
Ivan Rioufol a été récemment victime d’une véritable fatwa médiatique, orchestrée par les médias de gauche et des personnalités associées (Bernard-Henri Lévy entre autres), après avoir comparé la politique de restriction de libertés menée par Emmanuel Macron et le gouvernement Castex à la propagande nazie hygiéniste pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le journaliste du « Figaro » a été injustement accusé d’antisémitisme et de négationnisme, la gauche ayant volontairement déformé ses propos.
Cette forme de domination idéologique de la gauche sur la vie médiatique et intellectuelle française (« la tyrannie du politiquement correct »), illustrée par cet événement, est décrite par Rioufol dans son livre de 2012 à partir de son exemple personnel : « Durant des années, j’ai eu le privilège d’être jugé infréquentable sur les plateaux de télévision ou dans les studios des radios, sinon pour y être lâché aux fauves, généralement à trois contre un. »
Ce livre est, à l’approche de l’élection présidentielle de 2012, un appel à « se revendiquer, littéralement, réactionnaire ». Contrairement à ce qu’affirme l’idéologie de gauche, « le nécessaire sursaut réactif est fondamentalement attaché au progrès ». Il ne s’agit pas de revenir à l’Ancien Régime, mais de corriger la trajectoire empruntée par la France depuis une cinquantaine d’années.
Ivan Rioufol peint le tableau d’une France menacée par l’islamisme (« L’amour n’est pas dans le registre du Coran. En revanche, les injonctions à faire la guerre aux Juifs, aux chrétiens, aux mécréants sont nombreuses »), le révisionnisme historique (« exactement ce que demande Tariq Ramadan quand il réclame une « révision » des manuels scolaires »), l’effondrement du niveau scolaire (« un processus de déculturation et de déracinement prospère sur ces trous de mémoire et l’enseignement de l’oubli) et l’idéologie ethniciste en provenances des Etats-Unis (« une détestable racialisation des rapports sociaux doit beaucoup à ces nouvelles minorités ethniques qui, depuis la victoire de Barack Obama en 2008, ne cessent d’en appeler à leur couleur de peau pour réclamer une « visibilité » qui leur serait interdite).
Le journaliste voit dans l’Internet une possibilité de lutter contre le politiquement correct et le « poids des médias évangélisateurs » : « le providentiel Internet est devenu l’agora moderne des débats jusqu’alors interdits. ». La situation a bien changé 10 ans plus tard, la toile étant de plus en plus contrôlée par l’Etat et les réseaux sociaux. Internet devait servir à agréger cette « insurrection civique qui se laissait déjà deviner depuis le 21 avril 2002 et l’arrivée inopinée de Jean-Marie le Pen au second tour de la présidentielle ». Autre figure pouvant représenter ce sursaut ? Éric Zemmour, qui « est devenu un héros de la résistance » suite à sa condamnation pour provocation à la discrimination raciale.
Enfin, à ceux qui en 2022 déforment ses propos sur les Juifs, Ivan Rioufol assène une vérité implacable : « A ceux qui se prêtent au parallèle outrancier entre la condition des Juifs d’hier, traqués et déportés, et celle des musulmans d’aujourd’hui, l’histoire rappelle les accablantes compromissions avec Hitler du grand mufti de Jérusalem. »
Certains constats, sans doute justes en 2012, ne le sont en revanche plus aujourd’hui. Notamment quand Rioufol considère que l’idée d’ « immigration zéro » est « irréaliste et inutile » ou que « la tempérance devrait être l’une des valeurs à réhabiliter par les réactionnaires du XXIème siècle ». Ecrirait-il les mêmes phrases 10 ans plus tard, après les deux quinquennats socialistes de Hollande et Macron, après les attentats des années 2010 et les nouvelles vagues migratoires ? Nous approchons de plus en plus du point de non-retour. A chaque année écoulée dans l’inaction, la réponse nécessaire se fait de plus en plus radicale. Peut-on encore avoir l’espoir de combattre les menaces qui nous guettent par la tempérance ?
Ceci étant dit, « De l’urgence d’être réactionnaire » est une grande bouffée d’oxygène dans le paysage médiatique français. Ivan Rioufol fait partie de ces quelques intellectuels représentatifs du réveil de plus en plus de Français. Il poursuit son combat dans « le Figaro », sur « Cnews » et en écrivant des livres. Il essaie, lui aussi, de construire des ponts démocratiques entre les électorats de droite séparés par les manœuvres sournoises de Mitterrand. En cela, il doit être soutenu de toutes nos forces quand le politiquement correct lui intente des procès malhonnêtes.
Nathaniel GARSTECKA