La « Conférence sur l'avenir de l'Europe »

Depuis longtemps, depuis qu'Emmanuel Macron et plus tard Ursula von der Leyen se sont engagés à une réforme fondamentale de l'UE, les médias et milieux politiques ne cessent de nous parler d’une grande « conférence sur l'avenir de l'Europe ». Malgré de longs préparatifs, la mise en œuvre effective de cette conférence a jusqu'à présent été entravée par le manque d'enthousiasme du Conseil européen ainsi que par les bisbilles internes et enfin la pandémie de coronavirus. Cependant, on peut supposer qu'a minima le « dialogue des citoyens de l’UE », qui est censé lancer l’opération, commencera comme prévu en mai et, sur la base d'une enquête auprès d'un échantillon dit « représentatif » de la population, aboutisse à une série de propositions concrètes, qui seront estampillées « propositions démocratiques » pour servir de légitimation aux réformes européennes prévues de longue date par certains milieux.
 La « Conférence sur l'avenir de l'Europe »

En principe, il n'y a rien de mal à réformer l'UE, car les crises de l'euro, des migrations, du Brexit et de la Covid ont clairement montré à quel point tout va mal. En tant que Belge bilingue qui vit maintenant en Pologne et se définit comme un Européen convaincu, je ne peux qu'exprimer mon profond soutien à toute idée visant à approfondir véritablement l'intégration européenne. Cependant, si nous prenons en compte la tendance, profondément enracinée dans les institutions européennes, à limiter, soit par un contrôle conscient des processus décisionnels, soit par pure idéologie, plutôt que de s’ouvrir sincèrement à diverses propositions, il est à craindre que ce «processus de réforme» aggravera les problèmes systémiques de l'UE encore plus qu'il ne devrait les éliminer. Comment en arrive-je à cette conclusion?

Certains diront que je suis devenu trop pessimiste dans mon évaluation de l'UE, mais je prie le lecteur de me croire : je serais le premier soulagé d’apprendre que mes craintes sont exagérées. Hélas, ces dernières années ont montré trop clairement le puissant fossé entre le vocabulaire idéaliste utilisé par l'UE et le vide spirituel qui la sous-tend, de sorte que de nombreux citoyens perdent toute confiance dans les institutions de l'UE et commencent à se rendre compte que la compréhension purement relativiste et positiviste de l'État de droit conduit à une impasse à long terme, car il lui manque l’ancrage transcendant qui, en Occident, fut si longtemps assuré par la vision chrétienne de Dieu et de l’homme. La « déclaration commune » avec sa liste des sujets à traiter par le «dialogue des citoyens», qui peut être lue sur le site Web de la Commission européenne, montre clairement l’orientation de ces réformes  (https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/fr_-_declaration_commune_sur_la_conference_sur_l.pdf). Comment ne pas voir, derrière la «lutte contre le changement climatique», l'expansion continentale de la soi-disant « transformation énergétique » allemande avec tout son potentiel autodestructeur ; derrière la « justice sociale », la poursuite de l'expropriation de la classe moyenne au profit du socialisme des milliardaires qui se lève sous nos yeux ; derrière la « solidarité générationnelle », le démantèlement des retraites futures au profit des présentes ; derrière la « révolution numérique », l’introduction de mécanismes de surveillance à l'échelle de l'UE ; derrière les « valeurs européennes », les exigences usuelles liées aux quotas du genre et des autres minorités ; derrière le concept de l'« État de droit », l’affaiblissant délibéré des « dissidents » conservateurs (que ce soient la Pologne et la Hongrie ou les différentes oppositions politiques internes) ; derrière les « défis de la migration », son expansion incontrôlée ; et derrière « la capacité de l'UE à réaliser ses priorités politiques », l’affaiblissant accru des démocraties nationales ?

Tout cela peut-il être dans l'intérêt des citoyens européens et de la civilisation occidentale qui se bat pour sa survie ? Bien sûr que non, du moins d'un point de vue conservateur et héspérialiste, c'est-à-dire patriotique européen. Bien entendu, il faut s'attendre à ce que des réformes trop profondes soient empêchées par la lenteur légendaire des structures européennes, et que le Conseil européen, en raison de ses désaccords internes, mette un terme à trop d’initiatives surréalistes de la part du Parlement et de Commission - alors, une fois de plus, la « montagne »UE n’aurait fait (encore une fois) qu’accoucher d’une souris, et ce à grands frais. Mais même une telle stagnation serait loin d’être souhaitable. En effet, l'Europe est dans une impasse et a besoin d'une réforme fondamentale pour relever les défis internes et externes du XXIe siècle. Mais les deux solutions actuellement sur la table sont également fausses : la solution fédéraliste, si populaire auprès des élites bruxelloises, souffre du défaut fondamental qu'elle ne renvoie pas à un véritable patriotisme occidental, mais à un culte universel des droits de l'homme inadapté à fondre émotionnellement l'Europe dans une communauté de solidarité. Mais le retour à l'État-nation ou à une communauté économique lâche et impotente, comme de nombreux partis dits populistes l'ont longtemps exigé et le font parfois encore, me semble également dangereux, car il conduira une fois de plus à la fragmentation politique interne de l'Europe et à l’instrumentalisation de ces conflits par les puissances environnantes. Comme j'ai essayé de le montrer dans mon projet de «préambule» pour une future Union européenne, né de l'initiative de l'Association polonaise des intellectuels (https://visegradpost.com/fr/2020/06/24/vers-une-europe-confederale-des-nations-decouvrez-le-preambule-destine-a-une-future-constitution-europeenne/), d'une part, nous avons besoin de renouer avec notre propre passé et nous inspirer de ses structures institutionnelles comme du Sacrum Imperium ou de l'Union polono-lituanienne, afin de nous donner une nouvelle vision de comment combiner protection externe avec autonomie et équilibre internes. D’autre part, et plus important que toute autre chose, il serait nécessaire de développer à nouveau une relation positive avec notre identité culturelle particulière (qui ne nous rend ni meilleurs ni pires que les autres civilisations, mais uniques et précieux) : sans elle, nous ne saurons jamais définir une identité paneuropéenne rendant possible à la fois solidarité et intégration.

Aujourd'hui, nous en sommes bien loin encore, et il est à craindre que, par aveuglement idéologique, la « Conférence sur l'avenir de l'Europe » non seulement n'aborde pas ce problème, mais n’en comprenne même pas la teneur. Il est donc d’autant plus important que les partis conservateurs et euro-patriotiques fassent un effort honnête pour façonner autant que possible cette conférence - même si pour l’instant, ils n’ont guère d’espoir de changement réel.

David Engels, essayiste et historien belge, est professeur d'histoire romaine à l'Université libre de Bruxelles et travaille pour l'Instytut Zachodni à Poznań. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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Depuis longtemps, depuis qu'Emmanuel Macron et plus tard Ursula von der Leyen se sont engagés à une réforme fondamentale de l'UE, les médias et milieux politiques ne cessent de nous parler d’une grande « conférence sur l'avenir de l'Europe ». Malgré de longs préparatifs, la mise en œuvre effective de cette conférence a jusqu'à présent été entravée par le manque d'enthousiasme du Conseil européen ainsi que par les bisbilles internes et enfin la pandémie de coronavirus. Cependant, on peut supposer qu'a minima le « dialogue des citoyens de l’UE », qui est censé lancer l’opération, commencera comme prévu en mai et, sur la base d'une enquête auprès d'un échantillon dit « représentatif » de la population, aboutisse à une série de propositions concrètes, qui seront estampillées « propositions démocratiques » pour servir de légitimation aux réformes européennes prévues de longue date par certains milieux.
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En principe, il n'y a rien de mal à réformer l'UE, car les crises de l'euro, des migrations, du Brexit et de la Covid ont clairement montré à quel point tout va mal. En tant que Belge bilingue qui vit maintenant en Pologne et se définit comme un Européen convaincu, je ne peux qu'exprimer mon profond soutien à toute idée visant à approfondir véritablement l'intégration européenne. Cependant, si nous prenons en compte la tendance, profondément enracinée dans les institutions européennes, à limiter, soit par un contrôle conscient des processus décisionnels, soit par pure idéologie, plutôt que de s’ouvrir sincèrement à diverses propositions, il est à craindre que ce «processus de réforme» aggravera les problèmes systémiques de l'UE encore plus qu'il ne devrait les éliminer. Comment en arrive-je à cette conclusion?

Certains diront que je suis devenu trop pessimiste dans mon évaluation de l'UE, mais je prie le lecteur de me croire : je serais le premier soulagé d’apprendre que mes craintes sont exagérées. Hélas, ces dernières années ont montré trop clairement le puissant fossé entre le vocabulaire idéaliste utilisé par l'UE et le vide spirituel qui la sous-tend, de sorte que de nombreux citoyens perdent toute confiance dans les institutions de l'UE et commencent à se rendre compte que la compréhension purement relativiste et positiviste de l'État de droit conduit à une impasse à long terme, car il lui manque l’ancrage transcendant qui, en Occident, fut si longtemps assuré par la vision chrétienne de Dieu et de l’homme. La « déclaration commune » avec sa liste des sujets à traiter par le «dialogue des citoyens», qui peut être lue sur le site Web de la Commission européenne, montre clairement l’orientation de ces réformes  (https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/fr_-_declaration_commune_sur_la_conference_sur_l.pdf). Comment ne pas voir, derrière la «lutte contre le changement climatique», l'expansion continentale de la soi-disant « transformation énergétique » allemande avec tout son potentiel autodestructeur ; derrière la « justice sociale », la poursuite de l'expropriation de la classe moyenne au profit du socialisme des milliardaires qui se lève sous nos yeux ; derrière la « solidarité générationnelle », le démantèlement des retraites futures au profit des présentes ; derrière la « révolution numérique », l’introduction de mécanismes de surveillance à l'échelle de l'UE ; derrière les « valeurs européennes », les exigences usuelles liées aux quotas du genre et des autres minorités ; derrière le concept de l'« État de droit », l’affaiblissant délibéré des « dissidents » conservateurs (que ce soient la Pologne et la Hongrie ou les différentes oppositions politiques internes) ; derrière les « défis de la migration », son expansion incontrôlée ; et derrière « la capacité de l'UE à réaliser ses priorités politiques », l’affaiblissant accru des démocraties nationales ?

Tout cela peut-il être dans l'intérêt des citoyens européens et de la civilisation occidentale qui se bat pour sa survie ? Bien sûr que non, du moins d'un point de vue conservateur et héspérialiste, c'est-à-dire patriotique européen. Bien entendu, il faut s'attendre à ce que des réformes trop profondes soient empêchées par la lenteur légendaire des structures européennes, et que le Conseil européen, en raison de ses désaccords internes, mette un terme à trop d’initiatives surréalistes de la part du Parlement et de Commission - alors, une fois de plus, la « montagne »UE n’aurait fait (encore une fois) qu’accoucher d’une souris, et ce à grands frais. Mais même une telle stagnation serait loin d’être souhaitable. En effet, l'Europe est dans une impasse et a besoin d'une réforme fondamentale pour relever les défis internes et externes du XXIe siècle. Mais les deux solutions actuellement sur la table sont également fausses : la solution fédéraliste, si populaire auprès des élites bruxelloises, souffre du défaut fondamental qu'elle ne renvoie pas à un véritable patriotisme occidental, mais à un culte universel des droits de l'homme inadapté à fondre émotionnellement l'Europe dans une communauté de solidarité. Mais le retour à l'État-nation ou à une communauté économique lâche et impotente, comme de nombreux partis dits populistes l'ont longtemps exigé et le font parfois encore, me semble également dangereux, car il conduira une fois de plus à la fragmentation politique interne de l'Europe et à l’instrumentalisation de ces conflits par les puissances environnantes. Comme j'ai essayé de le montrer dans mon projet de «préambule» pour une future Union européenne, né de l'initiative de l'Association polonaise des intellectuels (https://visegradpost.com/fr/2020/06/24/vers-une-europe-confederale-des-nations-decouvrez-le-preambule-destine-a-une-future-constitution-europeenne/), d'une part, nous avons besoin de renouer avec notre propre passé et nous inspirer de ses structures institutionnelles comme du Sacrum Imperium ou de l'Union polono-lituanienne, afin de nous donner une nouvelle vision de comment combiner protection externe avec autonomie et équilibre internes. D’autre part, et plus important que toute autre chose, il serait nécessaire de développer à nouveau une relation positive avec notre identité culturelle particulière (qui ne nous rend ni meilleurs ni pires que les autres civilisations, mais uniques et précieux) : sans elle, nous ne saurons jamais définir une identité paneuropéenne rendant possible à la fois solidarité et intégration.

Aujourd'hui, nous en sommes bien loin encore, et il est à craindre que, par aveuglement idéologique, la « Conférence sur l'avenir de l'Europe » non seulement n'aborde pas ce problème, mais n’en comprenne même pas la teneur. Il est donc d’autant plus important que les partis conservateurs et euro-patriotiques fassent un effort honnête pour façonner autant que possible cette conférence - même si pour l’instant, ils n’ont guère d’espoir de changement réel.

David Engels, essayiste et historien belge, est professeur d'histoire romaine à l'Université libre de Bruxelles et travaille pour l'Instytut Zachodni à Poznań. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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