Pierre et le loup
On l’a constaté à maintes reprises, le chef d’état et son gouvernement ont fait preuve d’une remarquable assiduité et fidélité dans la pratique du mensonge. La France est semble-t-il en bonne place dans ce championnat nouveau et virtuel, lui. Les exemples sont si nombreux qu’on peine à y croire. Quel dommage d’avoir pollué ainsi le travail et la parole de quelques représentants ministériels qui pour le coup avaient adopté un discours de vérité dans leur fonctions et déclarations respectives. Hors, reconnaissons qu’ils sont fort peu nombreux, victimes des nouvelles formes de communication du politique.
Les jugements et le traitement des gilets jaunes avaient constitué un bon entraînement. La manipulation médiatique qui en avait résulté fut un excellent galop d’essai. Mais la crise du Covid aura été la quintessence et l’apothéose de ce management moderne des populaces par nos élites.
Dieu sait que les témoignages mensongers ont été nombreux et abondamment divers accroissant la richesse d’une bibliothèque déjà fournie par cette spécificité très française et très V ème République. Les discours convenus, les éléments de langage ou les informations invérifiables par des personnages importants de l’appareil administratif et politique auraient largement suffit puisque nous n’avons plus droit aux enquêtes journalistiques poussées et aux investigations traditionnelles de la presse depuis que le « mainstream » a envahi le paysage. Pourtant les affirmations péremptoires et les instructions liberticides remplies de certitudes débiles ont foisonné avant que des contradictions ou vérifications scientifiques ne les démettent de leur piédestal de supposées vertus et d’assurance affichée et ce, malgré l’incroyable doxa qui a étendu ses ailes sur l’ensemble du pays.
Les professionnels de la médecine et de la recherche, le directeur de la santé, son ministre, le premier ministre et enfin le Président de la République ont abondamment alimenté les chroniques et questions devant l’incompétence, la mauvaise foi, l’absurdité et l’incohérence de certaines décisions. On n’abordera pas les doutes sur la corruption du système. L’omniprésence du lobbying de big pharma opéré auprès de l’Union européenne ou au sein des nombreux spécialistes médicaux, défenseurs de la politique sanitaire française qui se succèdent sur les plateaux de télévision ont alimenté les suspicions. Il faudrait consacrer plus d’un article mais là n’est pas le but aujourd’hui.
Chacun a en mémoire, les inepties crachées à longueur de conférence de presse et d’interviews concernant la prétendue excellente préparation de l’administration et ses services à l’apparition de la pandémie sur notre territoire. Nous étions prêts selon nos dirigeants. On a vu au résultat, on en était bien loin voire très loin. Se sont succédés les discours et recommandations officiels sur les masques, les tests, le protocole Raoult et d’autres puis enfin les vaccins, pour ne citer que les thématiques les plus importantes, auront été de la même veine. Les incohérences sur les places en réanimation, le nombre de lits, la fermeture légitime des frontières, la validité des tests, les chiffres Covid excluant toute autre raison de décès et même le nombre des hospitalisations étaient soumis à questionnements en l’absence de pédagogie et de réponses des décideurs. Ces postures politiques et administratives n’ont cessé d’amener de la confusion dans les esprits éclairés et logiques qui tentaient de comprendre et d’apporter de la rationalité à ces événements, éberlués devant les situations.
Chaque aspect du traitement de cette crise aura donné lieu à de multiples mensonges visant à cacher l’incurie et les manquements dans la préparation, la production, les commandes, la logistique et la livraison des matériels. On avait commencé comme cela, il n’y avait pas de raison de s’arrêter en si bon chemin. Mais encore plus grave car aux doutes, on l’a vu légitimes, se sont greffés des questionnements de bon sens sur le bien fondé des restrictions incroyables sur le plan individuel et surtout économique. On est bien obligé de se creuser plusieurs fois la tête, éberlués que nous sommes au regard des mesures prises pour lutter contre les apparitions incessantes de cette épidémie. Les explications fallacieuses, les raisons vaporeuses, les déclarations fumeuses se sont multipliés pour rendre lisible soit disant des contraintes, instructions ou recommandations qui ne le sont toujours pas.
Car aux nombreux ratages et dérapages incontrôlés cités plus haut, on a enchaîné avec un flot de restrictions économiques curieuses et incompréhensibles en complément ou en marge de confinements ou de couvre feu tout aussi interrogatifs. On ne pouvait construire quelques hôpitaux temporaires à l’instar des chinois afin de traiter le surplus de malades mais on pouvait lâcher des dizaines de milliards pour soutenir des secteurs entiers de l’économie forcés de maintenir porte close. Allez comprendre. Mais ce n’est qu’un des multiples sujets à interrogations. Une létalité peu importante, une réorganisation hospitalière absente, des traitements médicaux relativement efficaces peu encouragés, un forcing sur l’attente d’un ou plusieurs vaccins libérateurs contredisent l’énormité des contraintes de fermeture et des conséquences sur notre économie. Sans parler des dégâts commis sur la santé psychique des individus et leur équilibre mental.
L’insincérité a frappé tout membre s’expliquant ou démontrant le bon usage des mesures gouvernementales pour lutter contre le Covid 19. Il est le pendant et le résultat d’une politique du mensonge élevée au rang de philosophie.
Le rejet du politique étant devenu une constante dans le cœur des français, la confiance n’est pas prête d’être rétablie avec cette affaire. La défiance légitime a naturellement augmenté au détriment de vérités qui auront à passer par le filtre des accusations, soupçons et rejets naturels. A trop mentir, plus personne ne réagira quand le loup surgira, pour de bon, pour de « vrai ».
Laurent CASSIAU, commandant de Police à la retraite.