Chronique sur Jean-Paul II et les Français : André Froissard (1915-1995)

Dans une série d’articles, je voudrais souligner les liens que Karol Wojtyla entretenait avec la France et sa culture et l'importance que Jean-Paul II accordait au catholicisme français, ainsi qu'au rôle que les Français, gens d'Église et de culture, ont joué dans le pontificat du pape polonais. Je ne le fais pas seulement pour rappeler des personnes, des faits et des événements oubliés, mais avec la conviction qu'il y a en eux un souffle de fraîcheur capable de stimuler notre engagement pour construire un "monde" – surtout le monde qui nous entoure, dans lequel nous vivons et dans lequel nous avons une influence – plus solidaire et inspiré par l'Évangile.
Simone et André Frossard et Jean-Paul II Chronique sur Jean-Paul II et les Français : André Froissard (1915-1995)
Simone et André Frossard et Jean-Paul II / Servizio Fotografico Vaticano

La foi de ceux qui ont rencontré Dieu

L'élection du cardinal polonais comme pape a été accueillie en France avec surprise, comme dans le monde entier, mais aussi avec l'espoir qu'il jouerait un rôle important dans l'Église catholique. Le lendemain de l'élection, le 16 octobre 1978, le quotidien "Le Figaro" énumère que les principales tâches du nouvel évêque de Rome seront : la mise en œuvre du Concile Vatican II, le développement de la collégialité des évêques, la préservation de la doctrine catholique contre les manipulations des progressistes ou des conservateurs, le soutien des missions et le travail pour l'unité des chrétiens. Le même journal, résumant le pontificat de Jean-Paul II, trois jours après sa mort le 2 avril 2005, exprime la conviction que Wojtyla doit être compté parmi les grands papes qui ont influencé le visage de l'Église. Certes, en France en raison de la diversité des visions du monde, il-y-avait divergences sur l'activité du pape. Il est certain que beaucoup de commentaires étaient différents de ceux présentés du "Figaro", considéré comme un magazine de centre-droit.

 

Le pape polonais et un journaliste français

André Frossard a grandi dans une famille non croyante. Ses grands-parents étaient d'origine juive et protestante. Cependant, cela n'avait eu aucun effet sur l'atmosphère d'"athéisme parfait" qui régnait à la maison. Le père de Frossard était l'un des fondateurs du parti communiste et pendant de nombreuses années son premier secrétaire. Un jour, André, parti de chez lui "sceptique et parfait athée" y est revenu en se sentant catholique, apôtre porté par la vague de sa foi soudainement découverte. Il avait vécu une conversion. Pour lui, la foi n'était pas d'abord une vision du monde ou un ensemble de dogmes, mais la Personne qu'il avait rencontrée, le Christ. L'acceptation des vérités de la foi et des commandements moraux a été pour lui le résultat de cette rencontre. Cela avait fait de lui un homme spirituel. Il percevait l'invisible dans le visible. Il avait fait l'expérience que la foi enseigne l'émerveillement devant la création plutôt que d'expliquer la réalité en détail. Elle permet à Dieu de nous "surprendre" avec ses plans plutôt que de fournir un "calendrier" des actions prévisibles de Dieu. Il faut également préciser que lorsque Frossard parlait de rencontre avec Dieu, il ne s'agissait pas d'une apparition privée, mais d'une transformation intérieure et d'une expérience spirituelle.    

Frossard était journaliste, écrivain, philosophe et membre de l'Académie française. Venu avec la délégation officielle de la France pour l'inauguration du pontificat le 22 octobre 1978, il qualifie Jean-Paul II, dans un bref compte rendu de la cérémonie publié peu après dans "Le Figaro", d'"ouragan de foi qui s'est levé sur le monde". Dans la figure blanche qui soulevait la croix du Christ sur la place Saint-Pierre ce jour-là, il a vu un témoin qui ne venait pas tant de Pologne que "tout droit de Galilée". "Je ne me suis jamais senti aussi proche de l'Évangile", a-t-il avoué, ajoutant que ce "N'ayez pas peur !" du pape s'adressait "au monde où l'homme a peur de l'homme, [...] et quelquefois de sa propre peur". Il a peur de rendre témoignage de sa foi, peur de la vérité. "Ce jour-là – confesse-t-il – le temps a hésité, l'histoire a laissé un instant la parole à l'éternité".

Un sceptique y verra peut-être l'exaltation d'un néophyte. Cependant, dans les observations et les expériences de Frossard, il y a une vérité importante cachée, que la figure du Pape rendait présente : notre foi est le Christ. Les gens sont paralysés par diverses peurs, mais c'est pire quand ils sont dominés par la peur de Dieu qui s'est fait homme. Elle ne concerne pas seulement les incroyants, les indifférents, les hostiles à l'Église. Elle concerne également les personnes qui y croient et la pratiquent, mais qui ne vivent pas leur foi comme une rencontre décisive, comme l'"unique remède à la barbarie des temps" quand le doute est devenu la règle de vie de beaucoup de gens.   

 

Une conversation avec Jean Paul II

Le journaliste a réalisé un entretien approfondi avec le pape, qu'il a publié en 1982 dans un livre "N'ayez pas peur ! André Frossard dialogue avec Jean-Paul II". Les conversations ont été mises en scène sous forme de récit par l'écrivain, qui a introduit les déclarations du pape dans le texte. Le livre est divisé en plusieurs chapitres dont, à mon avis, celui consacré à la foi joue un rôle important.

Le Pape fait référence à une rencontre avec des jeunes à Paris au Parc des Princes en 1980 et à une question posée par un jeune homme qui s'est présenté comme athée. Il avait demandé : "Saint Père, en qui croyez-vous, qui est ce Dieu que vous adorez ?" Jean-Paul II, par inadvertance, n'a pas répondu à l'époque à cette question particulière. Il a ensuite contacté le jeune par l'intermédiaire du Cardinal de Paris. Il a cependant profité de la conversation avec Frossard pour parler de sa foi, répondant en quelque sorte au souhait du jeune Français. 

La foi est grâce, lumière, connaissance, choix, vie avec Dieu, reconnaissance de sa vérité révélée, force de l'amour, fondement de l'espérance. En disant cela, le pape a rappelé à plusieurs reprises le livre de Frossard "Dieu existe, je l'ai rencontré". Il voulait souligner que, même dans la situation de désert spirituel, une foi vivante peut naître, qui est une conversion, une transformation de l'homme, une rupture avec le péché. La foi doit être vécue avec simplicité. Suivre Jésus fidèlement donne une profondeur spirituelle et une sagesse de vie. La foi en Dieu génère la confiance en l'homme, lie les gens entre eux en tant que communauté.

La question du jeune homme au Parc de Princes est symbolique d'une société en voie de déchristianisation. Trois décennies se sont écoulées depuis cet événement. L'indifférence religieuse généralisée fait qu'il est peut-être de plus en plus rare d'entendre une question sur la foi personnelle. Malheureusement, la crise des autorités, y compris des hommes d'Église, s'est encore aggravée, non seulement à cause de la sécularisation, mais aussi à cause de la foi anémique des guides, affaiblie par les compromis temporels et l'opportunisme. Une foi qui n'est pas renforcée par le témoignage d'une vie évangélique qui exige courage et sacrifice ne convainc pas et n'attire pas. 

Malgré tout, la réponse donnée par Frossard et Jean-Paul II est aussi symbolique et toujours inspirante. Elle peut être exprimée par le titre de livre susmentionné : "Dieu existe, je l'ai rencontré". Elle est symbolique car elle est donnée ensemble par le Pape et le converti. Ils soulignent que seule la foi qui est une rencontre personnelle avec le Christ, un témoignage, peut inciter les chrétiens à la transformation et intriguer les non-croyants. C'est l'image de la foi qui se dégage des conversations de Frossard avec le pape au début de son pontificat. La question de savoir si, dans les dernières périodes du pontificat, l'image d'une foi authentique et évangélique n'était pas trop marquée par un élément doctrinal, laissant peu de place à l'exploration et à la diversité dans l'approche du mystère de la rencontre avec Dieu est un sujet distinct, á abordé à une autre occasion. 

 

La foi authentique

Il convient de souligner que c'est Jean-Paul II qui a pris l'initiative d'écrire un livre avec André Frossard sous forme de conversation. Le pape a délibérément décidé d'inviter un journaliste et un écrivain, à la même fois un converti de l'athéisme et non un évêque, un théologien ou un philosophe. De nombreux autres intellectuels français du XXe siècle ont trouvé la foi après avoir fait l'expérience de l'incroyance, comme Paul Claudel ou Jacques Maritain. Leur témoignage avait son poids et éveillait l'esprit des autres au désir de croire. En règle générale, les convertis ne sont pas intéressés par une foi tiède qui se compromette facilement avec le monde, cherchant des justifications à bon marché. Dans le zèle de ces convertis, la question est présente : la foi est-elle un mystère de la rencontre avec le Christ ? La foi est-elle capable de susciter en nous l'anticonformisme, qui n'est pas seulement une exigence des temps dans lesquels nous vivons, mais une exigence de l'Évangile ?

Pendant des siècles, la France a été un creuset de nombreux courants de pensée, qui ont laissé leur empreinte sur la vie de l'Église française, y compris sur sa relation avec le Saint-Siège, avec les papes. L'interview de Frossard a contribué à mettre au centre du dialogue avec les milieux séculiers et libéraux le problème de la foi authentique comme bien humain, qui est aussi un bien social. Par conséquent, la foi a un droit inaliénable d'articuler sa présence dans l'espace public. Le souci de la foi authentique, liée avant tout à la personne du Christ et à l'accomplissement final auquel nous aspirons dans l'éternité, a également été un thème important du dialogue avec les catholiques français. À cette époque-là, après le Concile Vatican II, de nombreux Français s'identifiaient à l'aile progressiste et certains à l'aile traditionnelle de leur catholicisme.

Jean-Paul II a avoué lors de son entretien avec Frossard que le Concile Vatican II l'a aidé à découvrir la foi comme une synthèse du terrestre et de l'éternel, du personnel et du communautaire. Il a évité les catégories telles que le "progressisme" ou le "conservatisme" dans la conversation, mais s'est constamment référé au Concile Vatican II, montrant que des termes tels que : "témoignage", "responsabilité", "profondeur spirituelle" ou "participation consciente" à la vie de l'Église sont des expressions d'une foi capable de convaincre le monde que Dieu existe parce qu'il y a des gens qui l'ont rencontré.

Abbé Andrzej Dobrzyński, directeur du Centre de Documentation et d’Etude du Pontificat de Jean Paul II à Rome

 

Source: Servizio Fotografico Vaticano 

 

 

 

 

 

 

 

 


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André Frossard a grandi dans une famille non croyante. Ses grands-parents étaient d'origine juive et protestante. Cependant, cela n'avait eu aucun effet sur l'atmosphère d'"athéisme parfait" qui régnait à la maison. Le père de Frossard était l'un des fondateurs du parti communiste et pendant de nombreuses années son premier secrétaire. Un jour, André, parti de chez lui "sceptique et parfait athée" y est revenu en se sentant catholique, apôtre porté par la vague de sa foi soudainement découverte. Il avait vécu une conversion. Pour lui, la foi n'était pas d'abord une vision du monde ou un ensemble de dogmes, mais la Personne qu'il avait rencontrée, le Christ. L'acceptation des vérités de la foi et des commandements moraux a été pour lui le résultat de cette rencontre. Cela avait fait de lui un homme spirituel. Il percevait l'invisible dans le visible. Il avait fait l'expérience que la foi enseigne l'émerveillement devant la création plutôt que d'expliquer la réalité en détail. Elle permet à Dieu de nous "surprendre" avec ses plans plutôt que de fournir un "calendrier" des actions prévisibles de Dieu. Il faut également préciser que lorsque Frossard parlait de rencontre avec Dieu, il ne s'agissait pas d'une apparition privée, mais d'une transformation intérieure et d'une expérience spirituelle.    

Frossard était journaliste, écrivain, philosophe et membre de l'Académie française. Venu avec la délégation officielle de la France pour l'inauguration du pontificat le 22 octobre 1978, il qualifie Jean-Paul II, dans un bref compte rendu de la cérémonie publié peu après dans "Le Figaro", d'"ouragan de foi qui s'est levé sur le monde". Dans la figure blanche qui soulevait la croix du Christ sur la place Saint-Pierre ce jour-là, il a vu un témoin qui ne venait pas tant de Pologne que "tout droit de Galilée". "Je ne me suis jamais senti aussi proche de l'Évangile", a-t-il avoué, ajoutant que ce "N'ayez pas peur !" du pape s'adressait "au monde où l'homme a peur de l'homme, [...] et quelquefois de sa propre peur". Il a peur de rendre témoignage de sa foi, peur de la vérité. "Ce jour-là – confesse-t-il – le temps a hésité, l'histoire a laissé un instant la parole à l'éternité".

Un sceptique y verra peut-être l'exaltation d'un néophyte. Cependant, dans les observations et les expériences de Frossard, il y a une vérité importante cachée, que la figure du Pape rendait présente : notre foi est le Christ. Les gens sont paralysés par diverses peurs, mais c'est pire quand ils sont dominés par la peur de Dieu qui s'est fait homme. Elle ne concerne pas seulement les incroyants, les indifférents, les hostiles à l'Église. Elle concerne également les personnes qui y croient et la pratiquent, mais qui ne vivent pas leur foi comme une rencontre décisive, comme l'"unique remède à la barbarie des temps" quand le doute est devenu la règle de vie de beaucoup de gens.   

 

Une conversation avec Jean Paul II

Le journaliste a réalisé un entretien approfondi avec le pape, qu'il a publié en 1982 dans un livre "N'ayez pas peur ! André Frossard dialogue avec Jean-Paul II". Les conversations ont été mises en scène sous forme de récit par l'écrivain, qui a introduit les déclarations du pape dans le texte. Le livre est divisé en plusieurs chapitres dont, à mon avis, celui consacré à la foi joue un rôle important.

Le Pape fait référence à une rencontre avec des jeunes à Paris au Parc des Princes en 1980 et à une question posée par un jeune homme qui s'est présenté comme athée. Il avait demandé : "Saint Père, en qui croyez-vous, qui est ce Dieu que vous adorez ?" Jean-Paul II, par inadvertance, n'a pas répondu à l'époque à cette question particulière. Il a ensuite contacté le jeune par l'intermédiaire du Cardinal de Paris. Il a cependant profité de la conversation avec Frossard pour parler de sa foi, répondant en quelque sorte au souhait du jeune Français. 

La foi est grâce, lumière, connaissance, choix, vie avec Dieu, reconnaissance de sa vérité révélée, force de l'amour, fondement de l'espérance. En disant cela, le pape a rappelé à plusieurs reprises le livre de Frossard "Dieu existe, je l'ai rencontré". Il voulait souligner que, même dans la situation de désert spirituel, une foi vivante peut naître, qui est une conversion, une transformation de l'homme, une rupture avec le péché. La foi doit être vécue avec simplicité. Suivre Jésus fidèlement donne une profondeur spirituelle et une sagesse de vie. La foi en Dieu génère la confiance en l'homme, lie les gens entre eux en tant que communauté.

La question du jeune homme au Parc de Princes est symbolique d'une société en voie de déchristianisation. Trois décennies se sont écoulées depuis cet événement. L'indifférence religieuse généralisée fait qu'il est peut-être de plus en plus rare d'entendre une question sur la foi personnelle. Malheureusement, la crise des autorités, y compris des hommes d'Église, s'est encore aggravée, non seulement à cause de la sécularisation, mais aussi à cause de la foi anémique des guides, affaiblie par les compromis temporels et l'opportunisme. Une foi qui n'est pas renforcée par le témoignage d'une vie évangélique qui exige courage et sacrifice ne convainc pas et n'attire pas. 

Malgré tout, la réponse donnée par Frossard et Jean-Paul II est aussi symbolique et toujours inspirante. Elle peut être exprimée par le titre de livre susmentionné : "Dieu existe, je l'ai rencontré". Elle est symbolique car elle est donnée ensemble par le Pape et le converti. Ils soulignent que seule la foi qui est une rencontre personnelle avec le Christ, un témoignage, peut inciter les chrétiens à la transformation et intriguer les non-croyants. C'est l'image de la foi qui se dégage des conversations de Frossard avec le pape au début de son pontificat. La question de savoir si, dans les dernières périodes du pontificat, l'image d'une foi authentique et évangélique n'était pas trop marquée par un élément doctrinal, laissant peu de place à l'exploration et à la diversité dans l'approche du mystère de la rencontre avec Dieu est un sujet distinct, á abordé à une autre occasion. 

 

La foi authentique

Il convient de souligner que c'est Jean-Paul II qui a pris l'initiative d'écrire un livre avec André Frossard sous forme de conversation. Le pape a délibérément décidé d'inviter un journaliste et un écrivain, à la même fois un converti de l'athéisme et non un évêque, un théologien ou un philosophe. De nombreux autres intellectuels français du XXe siècle ont trouvé la foi après avoir fait l'expérience de l'incroyance, comme Paul Claudel ou Jacques Maritain. Leur témoignage avait son poids et éveillait l'esprit des autres au désir de croire. En règle générale, les convertis ne sont pas intéressés par une foi tiède qui se compromette facilement avec le monde, cherchant des justifications à bon marché. Dans le zèle de ces convertis, la question est présente : la foi est-elle un mystère de la rencontre avec le Christ ? La foi est-elle capable de susciter en nous l'anticonformisme, qui n'est pas seulement une exigence des temps dans lesquels nous vivons, mais une exigence de l'Évangile ?

Pendant des siècles, la France a été un creuset de nombreux courants de pensée, qui ont laissé leur empreinte sur la vie de l'Église française, y compris sur sa relation avec le Saint-Siège, avec les papes. L'interview de Frossard a contribué à mettre au centre du dialogue avec les milieux séculiers et libéraux le problème de la foi authentique comme bien humain, qui est aussi un bien social. Par conséquent, la foi a un droit inaliénable d'articuler sa présence dans l'espace public. Le souci de la foi authentique, liée avant tout à la personne du Christ et à l'accomplissement final auquel nous aspirons dans l'éternité, a également été un thème important du dialogue avec les catholiques français. À cette époque-là, après le Concile Vatican II, de nombreux Français s'identifiaient à l'aile progressiste et certains à l'aile traditionnelle de leur catholicisme.

Jean-Paul II a avoué lors de son entretien avec Frossard que le Concile Vatican II l'a aidé à découvrir la foi comme une synthèse du terrestre et de l'éternel, du personnel et du communautaire. Il a évité les catégories telles que le "progressisme" ou le "conservatisme" dans la conversation, mais s'est constamment référé au Concile Vatican II, montrant que des termes tels que : "témoignage", "responsabilité", "profondeur spirituelle" ou "participation consciente" à la vie de l'Église sont des expressions d'une foi capable de convaincre le monde que Dieu existe parce qu'il y a des gens qui l'ont rencontré.

Abbé Andrzej Dobrzyński, directeur du Centre de Documentation et d’Etude du Pontificat de Jean Paul II à Rome

 

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