Loukachenko menace l'Europe et la Pologne
Pendant que le Président polonais Andrzej Duda rencontrait Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, et se rendait au sommet du groupe de Visegrad de ce mois de novembre 2021 (où les questions migratoires sont parmi les points à l'ordre du jour), le Président biélorusse Alexandre Loukachenko a lancé des menaces contre la Pologne et l'Union européenne.
Le 11 novembre dernier il a déclaré: "si nous fermions le transit du gaz par la Biélorussie ? Il ne passera pas par l'Ukraine : la frontière russe y est fermée. Il n'y a pas non plus de routes à travers les États baltes. Si nous fermons pour les Polonais, pour les Allemands, que se passera-t-il alors ?"
Ces menaces font suite aux avertissements des autorités polonaises qui avaient prévenu qu'elles pourraient fermer complètement la frontière avec la Biélorussie si la situation migratoire s'aggravait. Pour la Biélorussie, dont l'économie subsiste grâce au transit des marchandises, la fermeture des frontières entraînerait des coûts économiques importants.
Des menaces, dans quels but ?
La Pologne a su se montrer ferme avec le régime biélorusse. Elle n'a pas cédé, elle a retenu les migrants à la frontière.
Loukachenko s'en prend donc indirectement à l'UE qui, depuis l'appel d'air initié par Merkel, a prouvé sa désunion et surtout sa sujétion au désidératas de Berlin.
Le but de Loukachenko est simple : il copie le modèle de Erdogan ; son but, rançonner l'UE : "de l'argent ou des migrants".
L'Allemagne, qui vient de changer de chancelier, et vient de porter au pouvoir une coalition très à gauche (des gens pleins de bons sentiments et de bonnes intentions, comme l'enfer en est pavé) ; risque à nouveau, sur l'autel des droits de l'homme, de jouer cavalier seul pour montrer à tous qu'elle est le grand seigneur et, dans sa grande mansuétude, accueillir encore plus de migrants.
En apparence, car elle dépend bien plus que les Polonais du gaz russe et donc sera forcée de céder.
En effet, avec la construction du pipeline Baltic Pipe, la Pologne, dès fin 2022, sera en capacité de mettre fin au contrat qui la lie à Gazprom.
L'Allemagne de gauche risque de créer une nouvelle filière d'immigration que l'UE dans son ensemble tentera d'enrayer en payant le président biélorusse, Alexandre Loukachenko.
Ce même Loukachenko qui, dans la même interview, a déclaré concernant sa propre frontière : " Et si je bloquais ? Que se passera-t-il alors avec les marchandises qui vont principalement vers la Russie et la Chine à travers notre territoire." En effet, la Russie est l'un des principaux partenaires économiques de l'UE.
Et concernant l'UE, il a affirmé que ses "intérêts sont aujourd'hui surtout en Russie, en Chine et à l'Est".
La Pologne, comme vous le voyez, n'est pas la première visée, mais ce sont les pays de l'Ouest de l'UE qu'elle protège du mieux qu'elle peut. La Pologne n'est qu'un rebond de la pierre à ricochets de Loukachenko.
En tardant à montrer un timide soutien à la Pologne, l'UE risque certainement de nous mettre tous dans de beaux draps.
Florian MAREK, chroniqueur Tysol.