Attaque de la ville de Bukavu
Ils sont venus tel un torrent qui s’acharne sur la maison de la veuve.
La veuve et l’orphelin sont fragiles. Aucune protection, aucune garantie dans leur vie ! Voilà pourquoi les eaux de pluie peuvent balayer leur case sous les regards de tout le monde. On s’en moque et on s’étonne !
Nous sommes en Afrique, en République Démocratique du Congo, à l’Est dans la province du Sud Kivu. Ce pays connait la guerre depuis 1996 après le génocide du Rwanda. Depuis 1994, le Congo a accueilli sur son sol une marée des refugiés rwandais et ces derniers se sont installés au Nord Kivu et au sud Kivu. En 1996, le régime de Kigali agresse le Congo et se sert du mouvement AFDL (Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo). C’est le début du calvaire pour le Congo. Et pendant cette période, l’Archevêque Mgr Christophe Munzihirwa porte haut un message de réconciliation, voie difficile qui passe, selon lui, par la vérité et la justice. Porte-parole des sans voix, minés par la guerre, Il est assassiné le 29 octobre 1996 à Bukavu, à la place qui porte aujourd’hui son nom par un commando du FPR (Front Patriotique Rwandais). La cause pour sa béatification est en cours.
Signalons que depuis cette période le Congo et particulièrement, l’Est n’a jamais connu une paix stable.
Les récents événements de rébellion à Bukavu ont fait face au début de ce mois, tandis que dans le Nord à Beni Butembo, Ituri c’est sont les ADF qui sèment la mort en tuant toute personne qu’ils rencontrent sur leur passage.
Ainsi ; le 3 novembre 2021, la ville de Bukavu s’était réveillée sous des crépitements des balles.
Elle avait été assiégée nuitamment par un groupe armé dont les membres s’étaient promenés à leur aise sans barrière sur les grandes artères de la ville. Leur progression était, parfois, rythmée par des champs de libération scandés par un groupe des jeunes déçus qu’ils ralliassent à leur passage. C’est de l’inconscience.
L’armée, la police, gouvernés et gouvernants, tout le monde aurait été surpris dans son sommeil. Si bien que certains ne l’ont su qu’aux petites heures du matin pendant qu’ils s’apprêtaient à vaquer normalement à leur routine. Dans ces conditions, personnes ne sait présager à quand la prochaine surprise ! Ces individus passés pour des brigands seraient anéantis et mis hors d’état de nuire, dixit l’autorité. Mais bien avant, il avait semblé que la messe avait même déjà été dite.
Qu’importe, le jour suivant la vie avait repris et ce qui s’était passé à la veille semblait réduit à un spectacle ! Peut-être qu’on en parlera plus jusqu’à ce que le même groupe où un autre livre une seconde scène.
Mais même si c’est le disque de l’oubli que nous semblons avoir suffisamment activé dans nos cerveaux, quelques personnes ne sauraient tout de même perdre de vue certaines situations qui avaient précédé cet évènement :
- Les attaques armées contre des couvents des prêtres et des religieux de l’Archidiocèse de Bukavu. Le 18 Août, le 3, le 4 et le 6 octobre, le 7 mars ; le 12, le 13 et le 17 mai, le 30 septembre ect. 9 maisons avaient été attaquées (maison du salut, Paroisses de Kadutu, Mugogo, Karhale, Ciherano, Cahi ; couvent des sœurs de Kanyamulande, Ciriri, Burhiba). Quel était le message ?
- Les assassinats, entre janvier et octobre 2021, des nombreuses personnes sont tués lors des attaques à domicile, sur la route, au lieu de travail par des hommes armés dans la ville de Bukavu, Uvira et dans les territoires particulièrement sur les nationales N°2 et 5. Nous n’oublions pas toutes les attaques et les conflits meurtriers dans les territoires de Fizi, Kalehe ect.
- La découverte d’une cache d’armes dans la maison d’un certain pasteur Kidumu à Panzi au mois de septembre
- L’interpellation encore très récente d’un groupe d’hommes armés dont une femme à l’université officielle de Bukavu qui envisageraient endeuiller la ville
La société civile dans sa diversité avait alerté sur tous ces cas et sur tant d’autres mais sans succès. Des déclarations de dénonciation ont fusé de partout. Hélas, quelques responsables auxquels elles étaient destinées auraient même refusé de les recevoir. En tout cas, PROTEGER est l’une des obligations de l’Etat vis-à-vis des droits humains. Elle suppose deux aspects importants : La prévention lorsqu’une violation n’est pas encore commise et la sanction dans l’autre hypothèse.
Qui étaient réellement ces assaillants ? Que veulent-ils et pour qui roulent-ils ? Les analyses sont libres et chacun dit ce qu’il pense. Certains y voient une déstabilisation voulue délibérément pour justifier, peut-être, la décision d’un état de siège au Sud-Kivu. Un certain gouverneur militaire serait donc, par ce fait, imposé à la population qui s’est complètement insurgée contre « cet état ». D’autres y voient une démarche voilée de limitation de la participation de quelques parties du Pays aux prochaines élections. D’autres encore pensent que c’est un autre son de cloche donné par des indignés face aux discours politiques des tendances à vouloir montrer que tout allait mieux au Congo ou qu’il s’agissait d’une sonnette d’alarme d’une affaire encore plus grave en préparation…. On doit dénoncer aussi la complicité de certains de nos compatriotes qui pensent que leur seul moyen de revendiquer un droit ou de se faire entendre est de prendre un fusil. On dit qu’il se maudit lui-même l’homme qui s’attaque à sa patrie.
Le peuple reste à la recherche de la vérité. Mais nous pouvons l’avertir pour qu’il reste très prudent. Il n’est pas impossible qu’un loup à la peau d’agneau surgisse et lui tende un guet-apens par un discours qu’il voudrait bien entendre. Les propos des belligérants durant l’attaque et une déclaration signée par une certaine Coalition des patriotes pour l’application de l’article 64 de la Constitution qui avait immédiatement après circulé contenaient des préoccupations du genre : le Congo est sous occupation durant longtemps par des armées étrangères, le Rapport Mapping est resté lettre morte, il faut un tribunal spécial pour juger les auteurs de graves crimes commises au Congo, Monusco ne fait rien au Congo depuis 20 ans, le Gouvernement de Félix Antoine Tshisekedi et ceux qui l’ont précédé n’ont pas répondu aux attentes du peuple, les enseignants ne sont pas payés et les enfants sont en grève, les enfants de la rue augmentent en nombre, les orphelins se multiplient et la famine tue plusieurs dans leurs villages. Devant ce désastre, Le parlementaire se plaint, le procureur, le juge et l’autorité se lamentent ; les agents de l’ordre, de la sécurité et de service de migration disent être débordés ! Entre temps le peuple observe, s’agite et pleure ne sachant plus à quel saint se vouer ! Un attentisme coupable.
Abbé CABWINWE CIZA JEAN CLAUDE
ACHIDIOCESE DE BUKAVU
B.P. 02 CYANGUGU
REP DEM CONGO
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